I.R.$, Tome 9 : Liaisons romaines
de Stephen Desberg (Scénario), Bernard Vrancken (Dessin)

critiqué par Shelton, le 25 avril 2013
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Scandale à la banque du Vatican... Sans blague ?
Pouvait-on imaginer que Larry B Max pourrait faire une carrière entière au service de l’IRS sans jamais avoir à enquêter sur la loge P2, la banque Ambrosiano et celle du Vatican, enfin, sur Paul Casimir Marcinkus, évêque catholique de son état… C’était incontournable de passer par là, il ne fallait que changer quelques noms et l’affaire était jouée pour le scénariste de cette série, Stephen Desberg, qui ne laisse pas passer de telles occasions de jouer avec la réalité…

Sans copier à 100 % à la réalité – va-t-il plus loin ou pas, à vous de décider – on va donc retrouver un banquier véreux, Michele Paliacci, directeur de la banque Notarion ; un évêque assez éloigné des principes de la pauvreté de Saint François d’Assise, Mgr Markus Scailes ; un cardinal qui veut jouer la transparence et la fidélité, Mgr Spontini ; enfin, histoire de clore ce casting simplifié, un ancien nazi, protégé par les réseaux de l’église catholique, Reittmann…

Mais tout cela n’est possible que parce que Mgr Markus Scailes est Américain et donc ressortissant de l’IR$ de Larry B Max. Là où l’affaire devient passionnante c’est quand on apprend l’existence de cette loge, la loge des assassins, une loge mystérieuse qui tente de propager des idées réactionnaires pour sauver le monde de la dépravation, du communisme et de la marée islamique… Heureusement, nous sommes en pleine fiction, dans le fruit des rêves et de l’imagination de Stephen Desberg, car chacun sait bien que ce genre de choses n’existe pas.

Pour entrer dans la connaissance de tout ce mécanisme, Larry n’a à sa disposition que son ordinateur, les relevés de comptes, et les indiscrétions de banquiers qui, malgré une culture forte du silence, finissent toujours par laisser quelques informations atteindre l’agent fédéral spécial, très spécial…

Une très belle aventure, construite avec finesse puisque, tout en étant basée sur des faits réels et connus, elle arrive quand même à nous maintenir en haleine et nous surprendre… C’est là la force du scénariste.

Mais prenons aussi le temps d’aborder la narration graphique de cette série. C’est vrai que l’intrigue est si forte que l’on pourrait finir par oublier le dessin. En fait, le dessin est si fort et dynamique, il correspond si bien au rythme de l’histoire, les ambiances sont si bien rendues… que l’on finit par se dire que Vrancken-Desberg est devenu un duo d’auteurs parfait ou presque. Presque ? C’est juste un effet de style pour les stimuler à poursuivre leur travail, à nous enchanter indéfiniment, tout en nous poussant à réfléchir à notre société et son avenir…

Il faut dire qu’une série qui traite de la fraude fiscale, des blanchiments d’argent, des comptes dans des banques domiciliées dans des paradis fiscaux… cela semble un peu d’actualité. Non ?