L'énigme du suicide à l'adolescence
de Collectif

critiqué par Ellane92, le 23 avril 2013
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
des pistes de réflexion
L'énigme du suicide à l'adolescence est un ensemble de communications écrites par des médecins, des épidémiologistes, des psychiatres et psychanalystes, plus ou moins connus et reconnus, comme B. Cyrulnik, P. Jeammet, D. Marcelli, X. Pommereau... et réunies par A. Birreaux, psychiatre-psychanalyste, et D. Lauru, pédopsychiatre. Cet ouvrage est divisé en 5 parties, "Etat des lieux", "Le risque suicidaire", "Entendre la demande d'aide", "approches théoriques et cliniques" et "Prévenir" qui comprennent chacune 3 à 4 communications.

Le suicide est la deuxième cause de décès des adolescents, après les accidents de la route, si tant est que certains accidents ne puissent être considérés comme des conduites à risque, amenant à l'accident-suicide. Ce livre, au travers de regards croisés de professionnels dont le quotidien est de prendre en charge les adolescents qui survivent à leur tentative de suicide, tente de nous livrer des pistes de réflexion sur les causes, les conséquences, les processus, la prévention, les institutions qui préviennent ou prennent en charge les adolescents.
La première chose dont on s'aperçoit est qu'il n'est pas évident de définir le périmètre de cet axe de recherche. Qu'est-ce qu'un adolescent, en quoi il se distingue d’un enfant ou d’un jeune adulte ? Que faut-il prendre en compte en tant que suicide ou tentative de suicide ? Les conduites à risques, alcoolisée ou sous l'emprise de stupéfiants par exemple, causes "d'accidents", ne sont-elles pas à considérer dans le périmètre de recherche ? En quoi le suicide adolescent se différencie des autres du suicide des autres population ?
Prenant appui sur des recherches épidémiologistes, les statistiques des lieux d'accueils des adolescents (lycées, université, structures dédiées), la pratique psychiatrique et la littérature, les textes proposés tentent de définir l'objet de recherche, les facteurs déclenchant et protecteurs, les mécanismes de passage à l'acte, les protocoles de soin et les modalités de détection précoces.
Ce livre n'apporte pas de réponse, dans le sens où il ne propose pas un mode d'emploi pour prévenir le suicide des adolescents. Mais il ouvre des pistes de réflexion, en repositionnant le sujet du point de vue des adolescents. Envisageant le suicide comme une sorte de bouton d'arrêt d'urgence d'une situation intenable, la mort n'est pas forcément le but à atteindre, sans doute bien moins que le souhait d'une évolution : dans leurs relations, dans les demandes qu'ils reçoivent. C'est aussi, en dernier recours, un moyen de maitriser quelque chose pendant une période de grand changement : au "je n'ai pas choisi de naitre", ils opposent un "je peux choisir de mourir".

Personnellement, j'ai trouvé qu'il manquait un peu de lien entre les différentes communications, une sortie de fil conducteur, d’autant plus que les auteurs ont des profils et des approches parfois très différentes (même si une majorité d’entre eux ont un regard plutôt « psy »). J'ai parfois eu le sentiment que les communications rassemblées, pas toujours simples à lire d'ailleurs, étaient un peu posées les unes à côté des autres. Un regard transversal sur ces recherches aurait apporté un intérêt supplémentaire à l'essai, qui a par ailleurs le mérite de poser un certain nombre d'éléments sur un sujet complexe à aborder et de prendre du recul par rapport à une question intolérable par ailleurs : comment un « jeune », qui a toute sa vie devant lui, peut-il faire le choix de se donner la mort ?