Fin de l'Occident, naissance du monde
de Hervé Kempf

critiqué par CC.RIDER, le 18 avril 2013
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Fin de partie...
Le monde arrive-t-il à la fin d'un cycle, celui du progrès technique exponentiel, de la croissance sans fin et de la finance triomphante se repaissant de bulles spéculatives de plus en plus énormes et de plus en plus incontrôlées ? Oui, répond l'auteur, en ce début de XXIème siècle, l'humanité se trouve bien à un tournant de son existence. Les contraintes écologiques, le dérèglement climatique et l'épuisement des ressources et particulièrement celle des énergies fossiles non renouvelables ne permettront jamais que le niveau de vie de type occidental se généralise partout. Il faudra donc par la force des choses réduire l'empreinte écologique de chacun ainsi que l'écart sans cesse grandissant entre les riches et les pauvres. En clair, cela signifie que la paupérisation de l'Occident est en marche et n'est pas prête de s'arrêter.
Mais comment allons-nous nous adapter à cette évolution ? En changeant volontairement de mode de vie, en réduisant volontairement nos émissions de gaz à effet de serre, en gaspillant moins, en relocalisant nos productions, en donnant une part plus importante à l'agriculture biologique, c'est à dire en nous comportant intelligemment ou en nous opposant violemment à toute remise en question, au prix des pires troubles et des pires violences ? Cette étude géopolitique a le mérite de parfaitement poser le problème et de bien montrer les deux voies possibles. L'auteur, bien qu'un peu idéaliste bisounours à mon goût personnel, ne cache pas les immenses difficultés d'une évolution sereine. L'Europe pauvre en énergie donc bien placée pour assumer la « décroissance » est engluée dans le marasme. La cause : la trahison par les élites de l'idéal européen qui se fondait sur les principes démocratiques de souveraineté des citoyens. « En réalité, écrit-il, l'Union a été progressivement remise aux mains du système financier. ». Parlant du rejet du projet de Traité constitutionnel par les peuples français, irlandais et néerlandais et validé par les parlements, il ajoute : « L'oligarchie a violé la souveraineté populaire pour un résultat pitoyable. » Les pages sur les Etats-Unis sont encore plus inquiétantes. « Cette psychologie quotidienne de la violence, la force du contrôle médiatique, le poids de l'armée, tout cela signifie que la tentation sera grande pour l'oligarchie des Etats-Unis de répondre par la violence aux problèmes qui ne peuvent que s'aggraver. Les Etats-Unis deviennent un risque pour la paix. Mais peut-être se déchireront-ils eux-mêmes. Ou changeront-ils pour embrasser la sobriété heureuse... » Et quand on sait que leur adversaire naturel est la Chine, dont l'auteur minimise d'ailleurs la dangerosité écologique, politique et sociale, le lecteur ne peut avoir que les pires craintes. Un livre pour bien comprendre les enjeux et ne pas être surpris par ce qui nous attend dans un avenir relativement proche !