Bloody Miami
de Tom Wolfe

critiqué par CC.RIDER, le 18 avril 2013
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Miami, avenir du monde ?
A Miami, éclate une altercation entre la petite amie d'un directeur de journal et une riche cubaine pour une simple place de parking... Nestor, un policier d'origine cubaine, réussit l'exploit d'arrêter un immigré clandestin cubain juché en haut du grand mât d'un schooner... Koroliov, un oligarque russe fait don au musée de Miami d'une série imposante d'oeuvres d'art estimées à 72 millions de dollars... Lors de la neutralisation mouvementée d'un dealer, Nestor et son collègue, dans le feu de l'action, sortent quelques insultes racistes qui malheureusement pour eux sont filmées et postées sur YouTube... Un professeur est accusé à tort d'avoir frappé un élève, en réalité un petit chef de bande qui terrorise toute la classe...
Il avait fallu attendre 7 longues années avant de pouvoir lire le nouvel opus de Tom Wolfe. Cette patience a été récompensée car on n'est pas déçu du voyage au coeur de cette ville étrange de Miami, la seule ville des Etats-Unis, et peut-être du monde où, en l'espace d'à peine une génération, une population immigrée, cubaine en l'occurrence, est devenue majoritaire et a établi sa domination dans tous les secteurs de la société. C'est une impression de voyage au bout de l'enfer, de plongée dans les turpitudes sexuelles et les haines communautaires qui se dégage de ce livre majeur. A chaque nouvel ouvrage, Tom Wolfe choisit un sujet sociétal (la vie à l'université dans « Moi, Charlotte Simmons », le monde des traders de Wall Street dans « Le bûcher des Vanités », l'armée dans « Embuscade à Fort Bragg » tout comme il avait précédemment enquêté sur le mouvement hippy avec « Acid Test » ou la conquête de l'espace avec « L’étoffe des héros »). Ici, il s'agit des conséquences souvent paradoxales de ces affrontements communautaires. Par exemple, le pauvre Nestor, qui n'a fait que son devoir, se retrouve dans la peau du traître dans l'histoire du clandestin cubain puis dans celle du raciste dans l'arrestation du dealer noir. Et ceci n'est qu'une des nombreuses situations ubuesques qui vont beaucoup plus loin que la simple intrigue romanesque. Un livre qui fait réfléchir sur les grands problèmes et le devenir de nos ultra-modernes sociétés. Ce qu'on y découvre peut même faire froid dans le dos. A la limite de l'enquête journalistique (excellemment documenté comme d'habitude), du thriller, du reportage, et du roman, en un mot c'est du Tom Wolfe, c'est à dire de l'inimitable. Seuls petits reproches : c'est un gros pavé (plus de 600 pages qui ne sont pas toutes indispensables) et quel besoin d'écrire quatre ou cinq ou dix fois le même mot et d'accumuler les points de suspension...
Un loup essoufflé 6 étoiles

Un peu comme le "Bûcher des vanités", mais à Miami en 2012... en moins bon, avec un style lourd et un recours fatigant à des onomatopées inutiles qui encombrent la lecture. Ça c'est pour le négatif.

Au final ça reste du Tom Wolfe, c'est divertissant et l'intrigue est assez prenante. Mais ça a un petit arrière-goût de bâclé, surtout la finale qui ressemble plus à "bon bien je suis fatigué d'écrire donc je vais juste arrêter d'un coup même si je n'ai pas fini mon roman." Le lecteur est laissé complètement en plan et toutes les intrigues restent sans conclusion.

Pas si mal quand même si on ne s'attend pas à un chef-d'oeuvre.

ARL - Montréal - 38 ans - 30 septembre 2016


Melting-pot 8 étoiles

Un portrait grinçant et sans concessions de Miami et de sa société où les communautés vivent ensemble sans jamais se mélanger. D’un côté la diaspora Cubaine et de l’autre les Américains de souche. Hispanophones contre anglophones. A cela s’ajoutent les Haïtiens, les Afro-américains et chacun tente de trouver sa place dans cette Floride surchauffée par les tensions et le soleil ardent. L’histoire n’est qu’un prétexte pour décrire ce melting-pot et Tom Wolfe se sert habilement de quelques personnages très finement construits pour critiquer et analyser cette ville si particulière des États-Unis. Le constat est sévère et cruel mais passionnant. L’auteur connaît son sujet et son style très particulier a rendu cette lecture passionnante. Encore un auteur américain que je continuerai à lire.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 28 juin 2015


Bloody Miami est un très bon Wolfe... 9 étoiles

Et c'est ça le problème: je suis fan de Tom Wolfe, de son style si particulier, de sa ponctuation si singulière (:::::::) avec les mots qui se répètent ("Des hommes m'ont baisée... ils m'ont baisée, baisée, baisée encore, surbaisée...")
Après nous avoir quelque peu promené dans un vieux bus conduit (Acid Test) par un des personnages de sur la route (Cassady-Moriarty), nous avoir envoyé la tête dans les étoiles (L’étoffe des héros), nous avoir fait découvrir la bourgeoisie d'Atlanta (Un homme un vrai), nous avoir plongé dans le monde impitoyable des yuppies dans le New- York des 80's (Le bûcher des vanités), nous fait asseoir sur les bancs des campus américains (Moi Charlotte Simmons), Tom Wolfe nous fait découvrir son Miami.
Cette ville de Floride possède plus de 50% d'émigrés (cubains, sud américains,... mais aussi russes fraîchement débarqués). Wolfe analyse avec beaucoup d'humour l'échec du melting pot de cette ville, ce curieux mélange où, chaque communauté a d'une certaine manière un rôle bien déterminé: les Cubains sont un peu les maîtres de la ville, les Afro-Américains jouent le rôle de méchants dealers, les WASP sont très discrets, remplacés par des oligarques russes d'une arrogance extrême.
Un roman brillant nullement raciste (Tom Wolfe s'en défend bien d'ailleurs, et je dis tant pis pour ceux qui peuvent le percevoir sous cet angle), avec un héros (un flic cubain body-builder), et une excellente intrigue. Bref ce bouquin est génial comme pratiquement tous ceux de Wolfe.
Je vous l'avais dit, je ne peux être objectif: "Je suis fan!"

Pats60 - - 63 ans - 13 février 2015


Bloody Miami (back to blood) par Tom Wolfe 6 étoiles

Ses précédents livres s'étant mal vendus, soyons honnête. il se devait de faire un "coup". Back to blood ayant reçu une critique plus que moyenne il ressort sous le titre Bloody Miami en Fr. critique.

bloody Miami ! (back to Blood en us) je me suis dirigé vers ce livre en ayant lu la critique sur le Monde et bien en vue sur le présentoir du dealer du coin expliquant que c’est de la came haut de gamme. Je l’ai pris, je l’ai lue, et je ne suis pas tout à fait de leurs avis…

Le style:
Cet ouvrage est très mal écrit, le style souffre d’un je ne sais quoi. Sur la couverture nous pouvons lire traduit par Odile Demage, seule ? Avec des stagiaires ? Avec Google traduction ? C’est mauvais. Je suppose qu’elle fait mieux, mais là c’est une horreur.
Sinon, Tom Wolfe écrit en répétition répétition répétition pour donner du style, exemple : il y a des vagues qui refluent refluent refluent avec dans l’air un goût salé salé salé.
Voilà, une horreur sur 600 pages. Lorsqu’un protagoniste pense, cela se retrouve
:::::: Coincé ainsi ! :::::::
Alors –paroles /écrits :::: pensées :::: -paroles/écrits :::: Pensées :::: répétition répétition répétition et vous voilà avec un livre lourd, j’oubliais les italiques… Et tous les récapitulatifs comme si vous étiez sans cervelle.

Le livre fait 21 chapitres c’est l’histoire de plusieurs personnages qui se croiseront sur fond de scandale racial puis autres. Je livre mon ressenti arrêtez-vous ici si vous souhaitez lire ce livre.

Bizarre vous avez dit bizarre ? Comme c’est raciste:
Miami, ville cosmopolite mettant au second plan les Américains dits « blancs » selon Tom Wolfe. Voilà le type même de ce qu’il déteste comme melting pot. Cela va contre toutes ses théories de structure sociale, celle d’un certain ordre social où l’homme américain blanc est en haut de la pyramide dirigeante. Il se fait donc un devoir de détruire ou du moins tacler la ville dans ce roman en épargnant lesdits blancs, même si quelques coups sont de rigueur.

Je le dis, je l’assume, Tom Wolfe ce journaliste conservateur américain est un raciste ( plus d'un le pense). Un équilibriste du genre qui habilement joue avec les lignes. Les 10 premiers chapitres sont dévolus à ce défouloir où il essaie de ne pas franchir LA ligne tracée, le cadre où vous devez vous en tenir du Miami qu’il dégage. En faisant tenir des propos incendiaires contre une communauté ( ex hispanique) sensible par une autre communauté (ex afro américain) car jamais un blanc n’insulte un afro américain de négro ou comme il l’écrit aussi de jus de réglisse, etc. il en connait tellement de termes, sauf que c’est un roman et que c’est toujours Tom Wolfe aux manettes. Il se lâche dans des lourdeurs et des explications, des raisonnements très orientés…

Une caricature romancée:
Le style caricatural des hispaniques, des Afro-Américains exagérés à l’extrême et du prof’ de faculté haïtien dépréciant ses origines. Le tout ne pouvant avoir réussi qu’en quittant leur identité, leur communauté pas si innocent. Et sont obligatoirement soit pauvre, soit d’un quartier populaire soit en déni de leur passé. Sacré Tom Wolfe.
Chez les blancs Wasps et riches, il met en avant valeurs contre richesses et sexe et relevant ainsi les Wasps. Un enrobage raciste et communautaire regrettable. Dommage, l’histoire, car une histoire s’y cache, est basée sur une réalité sociologique indéniable et un flair de journaliste étonnant sur le marché de l’art, c’est une étonnante histoire si l’on arrive à faire fi de tout cela.

Mais à quoi servent les 11 derniers chapitres ?
Juste à expliquer que les « blancs » se sont fourvoyés dans le vice et n’ont plus de valeurs (celles de Tom Wolfe of course) et ont de ce fait perdu Miami. Extraordinairement profond :(. C’est à cause du sexe et du vice en général… Miami vice…

cafeaulait

Cafeaulait - - 42 ans - 29 juin 2013