Les cicatrices de l'évolution
de Elaine Morgan

critiqué par Oburoni, le 11 avril 2013
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
La 'théorie' du primate aquatique
La 'théorie' du primate aquatique est cette hypothèse selon laquelle, nous aurions évolué non pas à partir de grands singes ayant conquis la savane mais un environnement aquatique ou, tout au moins, semi-aquatique. L'idée eut un certains succès auprès du grand public il y a de cela quelques décennies. Elle fut depuis défendue avec ferveur par Elaine Morgan, scénariste pour la télé mais aussi auteure de nombreux ouvrages scientifiques.

Je précise bien 'auprès du grand public' parce que, soyons clairs là-dessus, les scientifiques spécialistes de la question (de la paléontologie à la paléoanthropologie) ne l'ont jamais vraiment prise au sérieux. Snobisme ? Non. Manque de preuve, tout simplement.

Alors, des preuves, Elaine Morgan s'est mise en tête de nous les aligner dans ce petit bouquin listant tout ce qui, de notre anatomie, démontrerait selon elle pourquoi nous sommes différents des autres grands singes mais, en revanche, plus proche de certains mammifères marins. De notre pilosité à notre larynx et, même, la taille de notre cerveau et notre bipédalité le tout est très intéressant d'un point de vue anatomique. On peut comprendre en tous cas comment ces comparaisons établies avec des créatures marines purent interpeller un certain public à une certaine époque. Toutefois, il faut reconnaitre que, en guise de 'preuve' une telle anatomie comparée est très légère.

Si ses interprétations pour expliquer tel ou tel trait peuvent paraitre séduisantes chacune seule en soi, d'autres le sont tout autant avec, néanmoins, une différence majeure : le fait que ces autres soient supportées par des fossiles. En effet, rien de tel avec l'hypothèse du primate aquatique qui reste encore hautement spéculative (voire carrément rejetée en bloc). Ses explications sont simplistes, certes, un seul et unique facteur (l'adaptation à un environnement aquatique, donc) servant de fourre-tout expliquant toute une foule de données mais, son simplisme, justement, ne serait-il pas un réductionnisme extrême ? Le fait qu'elle termine son plaidoyer non pas par des contre-arguments appuyés par des preuves aux hypothèses alternatives mais, au contraire, s'enfonce dans ses interprétations en dénonçant le scepticisme du monde scientifique qu'elle accuse d'arrogance (rappelons que, elle-même n'a pas de formation scientifique) n'aide pas à crédibiliser le tout.

Alors, à lire -si ce n'est pour connaitre un peu mieux cette hypothèse un brin farfelue, au moins pour les détails intéressants à apprendre sur notre anatomie. Cela dit, vous êtes prévenu : il s'agit là de l'une de ces 'just-so story', qui peine ferme à se maintenir face à des analyses plus sérieuses.