Rira bien qui rira le dernier
de Hélène Desjardins

critiqué par Libris québécis, le 11 avril 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Une romancière incarcérée
Une romancière est incarcérée pour avoir tué les trois amants qui ont partagé sa vie. Parvenue à s’imposer comme auteure de polars à force d’obstination, elle a osé se propulser comme héroïne de son dernier roman.

Elle raconte aux codétenues comment elle s’y est prise pour se débarrasser des amants qui se sont servis d’elle pour satisfaire des besoins étrangers à l’amour. Jean se cherchait une femme pour tourner des films pornos; Robert était un homosexuel qui désirait devenir père, et Denis était un homme marié satisfait qui voulait tout simplement folâtrer dans ses moments libres. Comme aucun d’eux n’assumait les exigences de l’amour, Carole les tua en imaginant un stratagème qui la laissait au-dessus de tout soupçon. Le crime parfait pour ses deux premiers meurtres. Mais avec Denis, ce fut une autre histoire.

Contrairement aux polars classiques, on ne cherche pas la coupable. En fait, on semble lire la confession d’une meurtrière, qui livre les motifs sous-tendant la mort de ses soi-disant amoureux. C’est du moins ce que le lecteur croira. Hélène Desjardins a brossé un portrait vivant de sa meurtrière, une femme qui découvre ses aptitudes pour la sexualité.

Le tableau sent la pornographie. Et les traits qui dépeignent les plaisirs de la chair sont teintés de vulgarité. Les « grosses queues » remplissent tous les orifices. L’auteure a délaissé les éléments suggestifs. Les voyeurs seront comblés. On sent tout de même que l’héroïne est une femme qui ne se résume pas à ses activités sexuelles. Mais au-delà de cet aspect, c’est plutôt ténu.

Ce roman de vacances est en somme une parodie des polars auxquels Hélène Desjardins a ajouté un volet grivois, visant du même coup, la littérature croustillante. Vaut mieux en rire que d’en pleurer. Lecteurs exigeants, s’abstenir même si la narration au « je » tente de rendre le lectorat complice du modus operandi de l’héroïne. Il ne faut pas trop en demander aux œuvres publiées par les Éditions Coups de tête, une boîte vouée aux jeunes adultes qui se nourrissent au râtelier de la littérature trash.