L'aire du muguet/La jeune fille et la mort
de Michel Tournier

critiqué par Tistou, le 11 avril 2013
( - 68 ans)


La note:  étoiles
2 nouvelles
Deux nouvelles ; « La jeune fille et la mort » et « L’aire du muguet », dans ce petit recueil. Il semblerait par ailleurs que ces deux nouvelles figurent dans un ouvrage plus important : « Le coq de bruyère » ?
Deux nouvelles avec morale. Morale ? Ou chute brutale alors, ou dénouement à sens, et définitif !
« La jeune fille et la mort ». Soit une jeune fille, Mélanie Blanchard, qui apparait particulièrement sensible à l’ennui et qui a vite mis au point des « techniques » pour briser l’ennui, pour provoquer une réaction, comme de manger des citrons pour être agressée par l’acidité du fruit.

« … comment aurait-elle pu faire comprendre aux autres – alors qu’elle comprenait si peu elle-même – que ce n’était pas le scorbut qu’elle redoutait et qu’elle soignait au citron, mais un mal plus profond, à la fois physique et moral, une marée de fadeur et de grisaille qui tout à coup déferlait sur le monde et menaçait de l’engloutir ? Mélanie s’ennuyait. Elle subissait l’ennui dans une sorte de vertige métaphysique. »

Une jeune fille de la bonne société de Mamers, bonne élève mais qui va se laisser influencer par le premier beau merle venu et voir son destin partir de travers. Il lui viendra un projet, un grand dessein, l’ultime. On assiste à sa mise en place, sophistiquée. Jusqu’à la chute, qui ramène la grande ordonnatrice du grand drame final au rang de simple mortelle. Une chute peu prévisible et amenée mystérieusement par Michel Tournier. Et la dernière phrase :

« -Et en plus, murmura-t-il saisi d’admiration, elle est de style Louis XVI ! »

Elle tue cette dernière phrase ! Dans le contexte, évidemment …

« L’aire du muguet ». Dans le genre, même type de construction que la nouvelle précédente. Avec dénouement final hautement tragique et peu prévisible. Il importe simplement de savoir que « l’aire du muguet » est une aire d’autoroute sur laquelle un routier, Pierre, a régulièrement l’habitude de s’arrêter le matin sur son trajet habituel. Il va y faire une découverte, ou une rencontre. Fatale.

Ces deux nouvelles dans leur dramaturgie, leur morale sous-jacente, m’évoquent irrésistiblement certaines nouvelles de Graham Greene. On y trouve la même force démonstrative sous-jacente …