Les Beatles : La biographie
de Hunter Davies, Jean-Luc Piningre (Traduction)

critiqué par CC.RIDER, le 4 avril 2013
( - 66 ans)


La note:  étoiles
La meilleure biographie des Beatles
A Liverpool, en 1957, le jeune John Lennon, chanteur et leader du groupe de skiffle « The Quarrymen » fait la connaissance de Paul McCartney. Un peu plus tard, leur cadet, George Harrison vient les rejoindre. Avec le batteur Pete Best et le guitariste Stu Sutcliffe, ils forment quelques nouveaux groupes aussi éphémères que « Johnny & the Moondogs », puis les « Silver Beetles » avant d'opter pour leur nom définitif de « Beatles » avec le jeu de mot sur le rythme, « Beat ». Ils écumeront les petites salles de concert de la région, rassembleront un public de fans assez limité, tenteront trois fois leur chance à Hambourg, ville dans laquelle ils se produiront dans des caves crasseuses et iront jusqu'à jouer des huit heures non-stop. Stu restera en Allemagne, Best sera viré comme un malpropre au profit de Ringo Starr, batteur d'un groupe rival. Quand un client du magasin de disques de Brian Epstein lui demandera un disque des Beatles qu'il ne sera pas en mesure de lui fournir pour la simple raison qu'il s'agissait d'un enregistrement réalisé en Allemagne et à compte d'auteur, il s'intéressera à la question, deviendra un pilier de la « Cavern », le repère du groupe, leur trouvera de meilleurs engagements et leur ouvrira les portes des studios Parlophone. Après cinq années de galère, les « Fab Four » seront enfin propulsés dans la gloire par la grâce de la radio et de la télévision. Tout le monde connaît la suite de l'histoire. Un succès phénoménal, des tournées épuisantes, des concerts improbables dans des stades bondés (jusqu'à 50 000 spectateurs) devant des foules de fans hystériques capables de hurler sans jamais s'arrêter et de couvrir la musique. La fameuse Beatlesmania qui ne dura en réalité que six ans...
Cette biographie est la seule et unique qui ait jamais été autorisée par les Beatles et leurs familles. Hunter Davies est un ami très proche de John et de Paul. Il a partagé leur intimité, les a suivi tous les jours pendant dix-huit mois, a assisté à leur travail dans les studios d'Abbey Road, a interrogé les familles, les amis et les connaissances. Il nous présente donc une histoire complète et honnête du groupe mythique des débuts laborieux jusqu'à la fin d'abord mesquine (énormément de monde les avait grugés et leurs intérêts étaient si imbriqués qu'il fallut en passer par des procès. Encore aujourd'hui, ils ne sont même pas propriétaires de leurs oeuvres, c'est dire...) puis dramatique avec l'assassinat de John à New York le 8 décembre 1980 et la mort de George en novembre 2001. On en apprend de belles dans cet ouvrage sur à peu près tout le monde. Leur imprésario et producteur, Brian Epstein, homosexuel masochiste, était tombé amoureux de John, le beau rebelle tonitruant. John a même prétendu avoir eu une brève aventure avec lui. Davies en doute mais déclare également avoir subi des pressions de la part de la riche famille juive d'Epstein pour qu'il cache les tendances sexuelles de leur fils. On apprendra également que la séparation, longtemps attribuée à la détestation des compagnes (Yoko Ono et surtout Linda), a plus eu la lassitude, les problèmes d'intendance et d'ego pour causes profondes. On découvrira également que les images renvoyées par les quatre (John le chevaleresque, Paul le diplomate, George le gentil et Ringo le marrant) étaient relativement fausses. Tout autant d'ailleurs que leur statut de groupe « clean » et bien présentable. En Allemagne, ils passèrent tout leur temps sous amphétamines et autres excitants pour tenir le choc. Ils furent parmi les premiers de leur milieu à expérimenter le LSD et plutôt à l'avant-garde du mouvement psychédélique. Ils fumaient régulièrement de l'herbe, expérimentèrent la plupart des drogues disponibles (Paul se fit d'ailleurs prendre à plusieurs reprises lors de passages en douane) avant de renoncer définitivement (surtout George et Paul). Un ouvrage majeur illustré de très belles photographies en noir et blanc qui ravira les fans de la première heure (comme moi), de la dernière et même les posthumes. Un seul reproche : les annexes, qui comportent entre autre une discographie originale, ne proposent pas de chronologie récapitulative reprenant, date par date, les principaux évènements de cette incroyable histoire.