Sans sang
de Alessandro Baricco

critiqué par Trisopathe, le 12 février 2003
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Sans plus..
Le récit est divisé en deux parties. La première est très brève. La seconde aussi. Le récit est bref, en vérité.
Apparemment Alessandro aime alterner les romans d'une épaisseur traditionnelle avec les courts récits. A vrai dire, il fait ce qu'il veut et en considérant la qualité de Novecento et de Soie, je serais même tenté de le pousser à en écrire beaucoup, des courts récits.
Celui-là s'appelle "sans sang" et c'est un récit divisé en deux parties. Deux brèves parties. Bref.
C'est une histoire de vengeance. Sur le plan symbolique c'est bien trouvé, comme toujours chez Baricco. Il y manque cependant de l'originalité. Durant la lecture j'avais comme la désagréable impression de l'avoir sur le bout de langue. J'allais le trouver ce film ! Ou ce livre ! Ou ces films ou ces livres ! J'avais l'impression de lire une novélisation d'un ou plutôt de tous les films du genre, de lire un remake de toutes les histoires de gangsters.
Bref, un goût de déjà vu.
Sans sang est une histoire de violence.
La partie "DEUX" est à mon goût la plus violente même si elle est sans sang (et c'est là que réside la trouvaille de l'auteur.) La partie "UN" n'est vraiment pas sans sang mais pas vraiment violente tellement le ton de Baricco ne semble pas fait pour décrire de telles horreurs.
Baricco a toujours ce ton que j'aime beaucoup. Avec ses phrases épurées voire emputées. Baricco a souvent l'air de mépriser les verbes ce qui devrait donner une vitesse à la lecture mais qui nous pousse en fait à lire ses phrases sur le rythme de la respiration. C'était particulièrement vrai avec Soie, Océan Mer et Novecento. C'est encore vrai dans sans sang.
On se retrouve happé dans la lecture de cette histoire parce que Baricco nous la livre sur le ton de quelqu'un qui te prend à témoin, te raconte une anecdote, une histoire qui vaut le coup d'être racontée. Alors on s'y intéresse à cette histoire et on la lit avec plaisir.
Seulement, ça sent un peu l'imposture parce que cette histoire, franchement, valait-elle le coup d'être racontée ?
Ah, Baricco et son art du dénouement ! Sauf cette fois.. un petit arrière goût insipide.
Le pire c'est qu'elle est belle son histoire. Qu'on est prêt à y croire à sa théorie sur la dépendance à l'enfer et à l'horreur. Mais sans plus.
Vengeance . 8 étoiles

Une histoire très courte , qui parle de vengeance ,de guerre , de pardon , du peu de poids que peut avoir la vie pour certains à certaines périodes troublées .
De la folie des hommes en fin de compte .

Pat - PARIS - 60 ans - 16 juin 2010


D'un drame et d'une vengeance, un peu court ? 7 étoiles

Un cours roman sur la tragédie la plus noire, la vengeance et le pardon.
La première partie de l’histoire se déroule à la fin d’une guerre dont les belligérants : « nous » ou « eux » et le pays resteront en grande partie non précisés. On y suggérera juste les horreurs commises dans un hôpital. Cette partie raconte par le détail le plus sanglant des drames, une fillette voit son frère et son père se faire abattre sous et yeux. Elle ne sera sauvée que par le silence de l’adolescent meurtrier de son père.
La deuxième partie raconte les retrouvailles des années plus tard de la fillette et de son sauveur. Elle retrace l’histoire semi légendaire de la vengeance de la fillette devenue femme, dont l’acte ultime se joue sous nos yeux.
Comme souvent chez Allessandro Baricco, les drames et sentiments dépassent ceux du récit réaliste pour se teinter de mythologie, mais si on aimait l’originalité et l’exotisme de « Soie » ou de « Novocento », il faut bien dire que l’histoire est ici bien plus classique avec un petit goût de déjà-vu.

Grégoire M - Grenoble - 49 ans - 10 février 2010


Le triomphe du bien 6 étoiles

Singulier petit roman. Si l’écriture sobre de l’auteur se prête bien à la rencontre improbable d’une jeune femme et celui qui l’a épargné durant la guerre, elle est horriblement inefficace pour décrire l’intensité d’une agression violente en première partie. La finale m’est apparue invraisemblable et en général, il me reste cette impression de ne pas avoir été au fond des choses.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 7 octobre 2009


Une histoire sans sang 8 étoiles

Excellent petit roman. Une histoire de violence et de vengence. Il se lit très bien et est également très bien écrit. Je vous le conseille fortement!

Ame134 - laval - 37 ans - 9 juillet 2008


Changement de cap 10 étoiles

Il est vrai que ce petit livre, venant après Océan Mer, Les Châteaux de la colère, City et la musique blanche de Soie, déroute. Et pourtant son écriture rythmée, quasiment cinématographique(parfaite pour un court metrage), son regard clément sont remarquablement réussis. Un livre consolation.
Excellent!

Noufaro - - 64 ans - 27 avril 2008


bref, mais prenant 10 étoiles

Ce roman de Baricco est sans contredit mon préféré parmi tous ceux qu'il a publiés. Le récit, il est vrai, est très bref et se compose de deux parties. Cependant, le style d'écriture de Baricco, soit ces phrases courtes mais générant tant de sens et tant d'émotions, me permet d'apprécier d'autant plus ce récit qui nous fait voir les conséquences de certains actes sur la psychologie et la vie des gens. La première partie nous accroche dès les premières lignes et nous garde en haleine jusqu'à sa fin. La deuxième partie, plus passive en action mais assez poignante par les paroles prononcées, contient plusieurs dénouements inattendus qui rajoutent au plaisir de la lecture.
En gros, ce récit a été pour moi, bref, mais prenant!!!

Kouklye - - 35 ans - 22 juin 2007


" il faut passer à travers la souffrance, vous comprenez" 6 étoiles


"Dans la campagne..." .... "Elle ferma les yeux et s'endormit."

La vie de Nina... difficile et rapide..
Finalement ce livre devait être très court !

Intéressant !

J'ai pas aimé vraiment, je crois avoir lu en témoin, voyeur presque, ... j'ai lu très vite, c'est ainsi vite fini.. "passer à travers la souffrance" vous comprenez ?

Ma fille (17) m'a passé ce livre car elle l'aime beaucoup, encore une fois cela prouve que ce n'est pas facile d'aimer la même chose que les autres... heureusement !

Trois étoiles... quand même, on peut apprécier sans aimer et une traduction n'est pas forcément fidèle à 100 %

Baspial - - 67 ans - 16 avril 2006


Une écriture tourmentée 8 étoiles

Beaucoup de jolis mots déjà écrits sur ce roman de Baricco.
Nina se cache dans une trappe. Pendant ce temps, son frère et son père sont tués à quelques pas au-dessus d'elle. Tout ça sent la fin d'une guerre.
Plus tard, une dame âgée aux gestes de petite fille entraîne un vieil homme dans un bistrot. Un homme qui a en mémoire l'atrocité perçue dans le regard d'un enfant devant un crime commis. Un homme qui souffre sans en avoir l'air.
Un récit intemporel, qui se passe partout et nulle part, sur fond de guerre et de blessure. Avec un fil conducteur : la vengeance. Et encore...
Ce style cher à Baricco, cette écriture tourmentée et vive, ces âmes mises à nu. L'auteur a toujours eu l'art d'aller à l'essentiel et de toucher là où ça fait mouche. Un très beau roman. C'est sobre, épuré et c'est comme cela que je concevais l'écriture d'une telle histoire.

Sahkti - Genève - 50 ans - 4 avril 2006


Le prix d’un monde meilleur 9 étoiles

Prise au dépourvu par la violence de la première partie du livre, je n’ai été que plus sensible à l’intuition de l’horreur qui va faucher un père et ses enfants. Il suffit de trois pages à Baricco pour camper une atmosphère d’angoisse qui ne nous lâche plus, trois pages pour nous submerger, trois pages et nous manquons déjà d’air. Une seule solution : manger les pages et faire confiance à l’auteur…

La seconde partie voit l’enfant rescapée confrontée à l’un des assassins du début. La violence devient alors celle des paroles, des silences, des ébauches. Splendide dialogue où l’on se cherche soi tout autant que l’autre, où l’on retourne aux sources de l’horreur pour s’en purifier.

Des dizaines d’années après les faits, le combattant ne regrette rien : « Il y avait des tas de choses que nous devions détruire pour pouvoir construire ce que nous voulions, c’était la seule manière, nous devions être capables de souffrir et de faire souffrir, celui qui supporterait le mieux la douleur gagnerait, on ne peut pas rêver d’un monde meilleur et penser qu’on va vous le donner juste parce que vous le demandez, les autres n’auraient jamais cédé, il fallait combattre, et une fois qu’on avait compris ça, ça ne faisait plus de différence que ce soient des vieux ou des enfants, tes amis ou tes ennemis, on était en train d’ouvrir la terre, il n’y avait rien à faire, il n’y avait pas moyen de faire ça sans que ce soit douloureux. Et quand tout nous semblait trop affreux, nous avions notre rêve qui nous protégeait, nous savions que, si élevé qu’en soit le prix, immense serait la récompense, parce que nous ne nous battions pas pour un peu d’argent, ou pour un champ à cultiver, ou pour un drapeau, nous nous battions pour un monde meilleur, vous comprenez ce que ça veut dire ? nous étions en train de redonner à des millions d’hommes une vie décente, et la possibilité d’être heureux, de vivre et de mourir dans la dignité, sans être piétinés ou ridiculisés, nous n’étions rien, mais eux, ils étaient tout, des millions d’hommes, nous on était là pour eux, que voulez-vous, que ce soit un enfant qui meurt contre un mur, ou dix enfants, ou cent, il fallait ouvrir la terre et nous l’avons fait, des millions d’autres enfants attendaient que nous le fassions et nous l’avons fait, (…). »

Le dernier mot digéré, je me suis dit que j’avais eu raison de faire confiance à Baricco. Ces 121 pages ne m’ont pas apporté de réponse, fort heureusement (je me méfie des réponses unilatérales), mais elles ont densifié la question des innocents que l’on tue pour la bonne cause.

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 31 décembre 2004


Force épurée... 9 étoiles

Une guerre, dont on ne sait ni où ni quand elle a eu lieu, mais qui déchire les habitants d'un même pays; des hommes, tour à tour tortionnaires et victimes; et sur tout cela, le regard d'une enfant rescapée qui interroge : où est le bien, le mal, le vrai, le faux?
La réponse à ces questions change-t-elle selon le point de vue où l'on se place?
L'acte de celui qui tue aujourd'hui est-il moins condamnable parce qu'il a vu perpétrer la même chose sur sa propre famille? Au nom de quoi condamner, épargner?
Et en quoi la foi en un monde meilleur justifie-t-elle que l'homme trace un chemin sanglant vers autre chose à travers la souffrance d'êtres pareils à lui-même? Y a-t-il une paix possible, après cela?
L'écriture épurée d'Alessandro Baricco donne ses réponses à ces questions éternelles, réponses forcément fragmentaires, paradoxales et subjectives comme le seront celles du lecteur de ce très beau et très intense roman.

Isaluna - Bruxelles - 67 ans - 31 août 2004


Encense 9 étoiles

Magnifique BARICCO encore une fois. Atypique, de par le thème traité, on est loin de SOIE ou NOVECENTO, mais le traitement reste Bariccien. C'est à dire fin et intelligent.
Ca se dévore à la vitesse grand V ; 112 pages, mais 112 pages de bonheur de lecteur. Certains y ont vu, semble-t-il, de la redite de polars, ou quelque chose de ce genre. C'est plutôt gonflé.

Tistou - - 68 ans - 25 juillet 2004


Critiques = bourriques 8 étoiles

Si Baricco = bourricot, alors critiques = bourriques. C’est aussi simple que ça.
Qui disait que « Les critiques littéraires sont des cactus qui vivent de leurs piquants parmi des vautours qui vivent de leur plume » ? Ah ! Oui, c’est « l’écrivain raté » du « Fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Ecrivain raté ? Pas plus que les critiques eux-mêmes qui noient souvent leurs ambitions avortées dans le fiel dont ils agressent les auteurs, avec une haine particulière pour les plus grands.

Comment expliquer autrement la « déception » ressentie par les fines bouches des cocktails littéraires – déception répercutée jusque dans les colonnes de ce site comme s’il était de bon ton d’aboyer avec les loups – devant ce roman bref et puissant où Baricco, une nouvelle fois, sait entretenir avec son lecteur ce jeu complexe de séduction et de fascination qui est le propre de la vraie littérature.

Une première partie à pleurer, où Baricco manie le sang comme dans « Seta » il maniait la soie.
Une seconde partie qui éclaire la première et qui s’en éclaire en un jeu de reflets qui renvoie aussi, c’est vrai, à d’autres livres. On songe à la triple vengeance de « L’été meurtrier », avec il est vrai un dénouement très différent. On songe aussi au vieux thème camusien des « justes » :
« - Et nous avons lutté pour ça. Pour pouvoir faire ce qui était juste.
- En tirant sur des enfants ?
- Oui, si c’était nécessaire. »

Et puis cette philosophie qui se lisait aussi dans « Seta » ou « Novecento », ce sourire désenchanté, cette désespérance élégante :
« Comme ça peut être vertigineux, le temps. »
« On a beau s’efforcer de vivre une seule vie, les autres verront mille autres vies dedans, et c’est pour ça qu’on n’arrive pas à éviter de se faire du mal. »
« Même si la vie est incompréhensible, nous la traversons probablement avec le seul désir de revenir à l’enfer qui nous a engendré, et d’y habiter auprès de qui, un jour, de cet enfer nous a sauvé. »

Quand l’un des critiques qui a éreinté Baricco publiera un roman qui arrive à la cheville de celui-ci, faites-moi signe, que je change le titre de cette brève lecture…

Lucien - - 69 ans - 20 janvier 2004


"Un Baricco de la plus belle eau" ... 8 étoiles

... disait la critique du "Soir" .
Et je serais tentée de les suivre...
Sans crier au Génie, j'ai apprécié le ton que l'auteur a donné à son histoire, comme le dit Trisopathe , " on est pris à témoin .. "

Jo - Quelque part au coeur des Ardennes - 48 ans - 30 décembre 2003


Que penser?? 6 étoiles

Je n'ai pas encore lu ce nouveau Barricco mais après la critique de Trisopathe (indulgente mais où pointe néanmoins un soupçon de déception) ainsi que la critique assassine du Vif L'Express, on s'interroge... Qualifié de "confus et vain", toujours selon le Vif, ce dernier roman, accouché difficilement après insistance des éditeurs (exploitant un filon qui "s'étire en chewing-gum" si mon souvenir est bon), ne vaudrait pas ses prédécesseurs, pire serait indigne de Barricco (le bouricot, disent-ils!!). Tant de verve négative à propos d'un tel auteur est bien dommage, espérons qu'il ne fait que traverser une mauvaise passe. En attendant, je compte tout de même me faire ma propre opinion...

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 16 février 2003