Un long silence de carnaval
de Miguel Duplan

critiqué par Frunny, le 23 mars 2013
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
Il pleut sur Cayenne !
Né à la Martinique en 1963, Miguel Duplan vit en Guyane française. Il travaille dans le monde enseignant. Un long silence de carnaval est son troisième roman.

C'est par les 5 sens de Jean-Baptiste Simonin- flic cabossé par la vie -que nous découvrons un Cayenne misérable et majestueux.
"Partout encore, dans ses moindres recoins, la misère pitoyable, celle des hommes embrumés, en sueur et cloportes de la vie, s'exposait. Comme des étrilles".
"Mais, il arrive que la ville se fasse belle. Belle comme le bonsoir des Amandiers et le calme qui s'y amarre. Belle aussi comme le compas lancinant de Beethova Obas quand il chante Louloune partie ailleurs ".
Cayenne et ses parfums de Shanghai ou de Canton.Aux odeurs de mangues rouge-noire-jaune et de rhum vieux. Aux sonorités mélangées de français, d'anglais et de créole.
Tel un caudillo sud-américain, Jean-Baptiste Simonin parade dans les cités. Il appartient aux gens sincères, qui parlent fort, rient fort et déblatèrent à tout bout de champ pour un oui pour un non.
Il pourrait se fondre dans la population locale mais il est irrésistiblement aspiré vers le bas, décrochant du réel.
Bien qu'appartenant aux gens de son milieu, il discerne dangereusement bien le chaos ambiant.
Seule la litanie d'un poète toxico chante avec lyrisme l'idéal qui manque à son existence.
Le Poète DIT la vérité; le rang à donner à la parole créole, les origines qu'il ne faut pas oublier, les écrivains qu'il faut ressusciter.
"Je lisais tout ce qui se posait devant moi j'avais Perse en incertitude Char pour silence Césaire aussi comme patron j'avais Rimbaud quelquefois.....

Un récit dense, poétique; mêlant ombre et lumière.
Une écriture flamboyante, s'affranchissant de la ponctuation .
Tout simplement exceptionnel .
91 pages qui transpirent la vie créole.
PRO-DI-GIEUX !!!