Chinongwa
de Lucy Mushita

critiqué par Jfp, le 23 mars 2013
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
une femme africaine
Chinongwa Mahrewa est née dans un village où se sont installés les "indigènes", chassés des meilleures terres par les colons européens lors du "Grand Déplacement", qui aboutit à la création de la Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zimbabwe). Ses parents, arrivés sur le tard, ont dû se contenter des terres les plus pauvres du village, sur lesquelles ils parviennent tout juste à vivre. Leur fille plus âgée, Muraswa, a déjà été vendue en échange de quoi survivre quelque temps. Lorsque meurt l'oncle maternel Taguta (le "Gros"), qui les a protégés sa vie durant, Chinongwa, qui n'a que neuf ans, sait que cela va bientôt être son tour. Son destin est déjà gravé, et un long chemin de croix s'ouvre dorénavant devant elle, un chemin qu'elle va devoir suivre longtemps, très longtemps, avant de se libérer du poids de traditions ancestrales. Un superbe portrait de femme (inspiré de la vie de la grand-mère de l'auteure), écrit dans une langue savoureuse, à mi-chemin entre conte et journal intime. L'étrangeté du récit tient en grande partie au fait que nous sommes plongés dans une culture qui n'a pas connu le contact avec les "blancs", les seules personnes parties travailler chez les colons, de l'autre côté du fleuve, n'étant jamais revenues au village. L'auteure ne juge pas, il ne s'agit en aucun cas d'un pamphlet féministe, elle témoigne, simplement. Au lecteur d'en tirer profit, ou non...
Très belle découverte 9 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce roman.
J'ai lu peu de livres se déroulant dans une communauté africaine d'Afrique, et c'était passionnant de découvrir les us et coutumes de cette communauté, que l'arrivée des colons a bouleversés, au travers du destin d'une petite fille.
Chaque chapitre se fait la voix des différents protagonistes, parents, co-épouse, mari. Chacun fait ce qu'il pense être bon, être juste, être conforme à la bonne éducation, et pourtant cela n'empêche pas les ressentiments, car personne ne souhaite la même chose que l'autre.
Avec le temps, avec l'expérience, Chinongwa comprendra les motivations et les sentiments des personnes qui ont marqué sa vie. Car personne n'est tout blanc ou tout noir (sans mauvais jeu de mots), pas même Chinongwa qui paiera aussi pour ses propres erreurs.

Ce roman est plein d'humanité, sans jugement, j'ai vraiment adoré.

Badzu - versailles - 49 ans - 1 avril 2014