Menace sur nos libertés : Comment Internet nous espionne, comment résister
de Jacob Appelbaum, Julian Assange, Andy Müller-Maguhn, Jérémie Zimmermann

critiqué par Antihuman, le 23 mars 2013
(Paris - 41 ans)


La note:  étoiles
A CONTRE-COURANT
Vital et nécessaire, un pamphlet crucial qui se pose en étalon-maître des libertés. Ou se trouve, plus que jamais, la limite de la démocratie ? Pourquoi toutes ces sécurités, ce flicage mondial ainsi que cette constante duplicité (dont l'économie globale du web...), qui prétend agir en tout bien tout honneur pour le bien des utilisateurs ? Pourquoi les cookies de Facebook et Twitter ? A quoi sert un data-center ? Et qu'advient-il de la simple notion de vie privée ?

Et oui, les réseaux des trusts et multinationales US fonctionnent aussi en France... Big Brother is watching you ! Par Julian Assange, le célèbre dissident.

(*A écouter également: le podcast de l'émission "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet sur France Inter du 20-21/03/2013.)



Résumé

Ce dialogue en forme d’avertissement entre Julian Assange et trois amis, spécialistes des nouveaux media, militants pour un Internet libre, nous ouvre les yeux sur les dangers à exposer nos vies via Internet et nos téléphones portables, et nous donne les moyens pour résister. Appels téléphoniques, SMS, chats, forums, Google, Facebook : nous n’avons jamais autant communiqué de données privées. Or ces données circulent sans aucune protection (pas de cryptage), sur des routes non sécurisées. Elles peuvent donc être interceptées par tous types d’organisations : entreprises privées, États, services secrets. Le marché de la vente de systèmes de surveillance des données « récoltées » sur Internet est en croissance exponentielle depuis que le concept de « cloud space » s’est imposé. Pour seulement quelques millions de dollars, on peut accéder à ce « stockage massif » pour des fins politiques… ou commerciales. Avec humour, Julian Assange définit ainsi nos téléphones portables comme des « mouchards pouvant aussi passer des coups de fil ». « Même notre mère ne nous connaît pas aussi bien que Google ! » rit (jaune) un autre participant. Bien sûr, les sociétés privées qui transfèrent toutes ces données (Google, Facebook, opérateurs de téléphonie) promettent de ne pas les exploiter. Mais que valent leurs promesses quand on sait quel trésor représentent ces informations ? Surtout : si elles ne le font pas elles, qui nous dit que d’autres ne le font pas ? Pour Assange et ses amis, il ne fait pas de doute que nous sommes déjà suivis, espionnés et de façon beaucoup plus fine que la STASI pouvait le faire en Allemagne de l’Est ! Il faut donc que chacun réalise l’incroyable vulnérabilité dans laquelle la révolution des nouveaux moyens de communication nous place aujourd’hui. Ce livre constitue donc d’abord un avertissement, un avertissement d’autant plus efficace qu’il évite tout jargon et rend clairs les enjeux. Mais c’est aussi un livre de combat car, pour ses auteurs, l’accroissement constant des échanges ne doit pas exposer à un accroissement constant du contrôle des individus. En attendant qu’Internet devienne un espace sûr et respectueux des libertés, les cinq militants invitent donc le grand public à s’initier aux techniques de base du cryptage des données.




Biographie de l'auteur

Julian Assange est australien. Il a été hacker avant de fonder Wikileaks, le site qui a fait trembler États et services de renseignement du monde entier en révélant des milliers de pages de documents confidentiels. Devenu l’icône mondial de la lutte pour les libertés sur Internet, il est aujourd’hui poursuivi par les États-unis (pour espionnage) et par la Suède (pour une affaire de mœurs). Il se retrouve ainsi au cœur d’un imbroglio politique et judiciaire international qui le conduit à vivre, depuis juin 2012, enfermé dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Jacob Appelbaum est américain. Il est chercheur indépendant en sécurité informatique, défenseur du logiciel libre et hacker pour le TOR Project, association qui milite contre la surveillance et la censure sur Internet. Jérémie Zimmermann est français. Il est porte-parole de la Quadrature du Net, association européenne de défense des libertés sur Internet. Andy Müller-Maguhn est allemand. Il est spécialiste des techniques de surveillance et de cryptage sur Internet.
La toile d'araignée 6 étoiles

Redoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.
« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…

CC.RIDER - - 66 ans - 21 octobre 2023


Prendre conscience sans devenir paranoïaque 6 étoiles

Julian Assange et trois de ses amis nous invitent chez eux, lors d'une de leurs innombrables conversations ouvertes sur la sécurité, la confidentialité et la liberté des individus sur internet. Chacun apporte son point de vue, les opinions s'affrontent même si tous sont, globalement, d'accord sur un point : plus le temps passe, plus les géants d'internet engrangent des données, qu'ils monétisent et qu'ils mettent à la disposition des services de renseignements des Etats. Comment ? Simplement grâce à ce que nous faisons : surfer avec google, payer avec la CB Visa, utiliser les cartes de fidélité, donner des nouvelles à nos amis via Facebook ou sauvegarder nos données sur Dropbox. Le souci ? Nous ne pouvons rien contrôler, ou si peu, ce qui amène déjà à d'innombrables abus.

Le livre est, dans son premier quart, assez déroutant. Pour moi, pauvre citoyen de base utilisant internet sans me poser plus de questions que cela, il faut entrer dans le monde de ces 4 personnages. Ils ont tous un passif de hackers et militent pour un internet libre. Or, si je suis bien conscient que le flicage est permanent, mais c'est une conscience inconsciente. Je le sais, mais je n'y prête pas vraiment d’intérêt. Cela ne m'est jamais apparu comme un problème qui risque de changer ma vie de demain. C'est pourquoi il est urgent de prendre pleinement acte de ce qui se passe, aujourd'hui, dans le monde de 0 et de 1 qui nous entoure. Nous sommes en effet face à un problème qui nous dépasse largement : celui de la conservation des données et de leurs centralisations, principalement sur le sol américain. Ainsi, si demain une guerre froide éclatait, USA versus reste du monde, ils auraient déjà gagné ! Ils pourraient jouir d'une multitude d'informations sur leurs adversaires, tout en censurant les principaux outils utilisés par la population mondiale, comme la communication et les moyens de paiement. Sans être un anti-américain, cela fait froid dans le dos.

Je ne suis pas forcément d'accord sur tout, mais ce flicage permanent, la conservation de données, le regroupement de données et la centralisation unique est un problème de fond, long et complexe. Un livre à lire, mais avec un minimum de connaissance sur Internet et l'évolution des libertés dans le passé afin d'en apprécier pleinement le contenu.

Unfold - - 44 ans - 27 mai 2013


Un livre important, bien informé, sur un danger grave 8 étoiles

Le public sous-estime (et c'est un euphémisme) le danger que représente la rupture des barrières qui protégeaient notre vie (privée ou professionnelle) de l'intrusion des autres.

Depuis des années la progression de la technique s'accompagne d'une avancée dans le captage, le stockage, le tri et l'exploitation de myriades d'informations personnelles, dont nous ignorons même qu'elles sont collectées.

A notre insu, toutes les machines "mobiles" et "intelligentes", si séduisantes dans l'image qu'en donne le matraquage publicitaire et médiatique, s'arrogent les "droits" d'accéder à nos messages, à l'identité de nos amis ou relations, à notre emploi du temps, à nos préférences artistiques, sexuelles ou à nos choix politiques.

Si je mets le mot "droits" entre guillemets c'est que justement ces "smartphones", tablettes et autres objets connectés nous forcent quotidiennement la main pour voler nos informations les plus privées : pratiquement toutes les applications téléchargées obtiennent "d'un seul clic" l'accès à toute notre vie. Elles usurpent ce droit, car il est accordé par une forme de chantage "si vous voulez être connecté, branché, socialement accepté, ouvrez un compte fessebouc"... ou autre, et installez cette application "géniale", GPS, restaurants de votre quartier, jeu, ou gadget..

Et tout cela, notamment via les innombrables produits de Google, Apple etc, envoie illico "dans le cloud" (lisez : les mega-serveurs de gens dont vous ignorez tout, et qui ne vous veulent pas spécialement de bien) tout votre carnet d'adresses, vos rendez-vous, vos musiques ou films préférés, vos dates de vacances, vos adresses d'hôtel, vos tarifs de train ou d'avion, bref tout ce que vous notez dans vos machines (pc, smartphone, tablettes).

Rien de plus simple ensuite pour ces méga-multinationales que d'archiver, de trier, classer, organiser, recouper toutes vos données. Il n'est pas paranoïaque de rappeler que google, yahoo, et tous les fournisseurs d'accès ouvrent à tous vents leurs serveurs sur demande de la police, de la justice, voire de grandes sociétés telle que les banques, assurances, avec lesquelles elles échangeront ce précieux "matériau"... contre des données similaires: vos achats par CB, vos péages de parking, etc.

Moralité : évitez comme la peste les comptes google, les adresses gmail, et tout ce qui "synchronise" vos données vos adresses, vos messages et vos rendez-vous (et bien sûr vos fichiers) : c'est exactement ouvrir la porte à des inconnus sans scrupule qui feront ce qu'ils voudront avec vous.

Quant à ceux qui répondent fièrement "je n'ai rien à cacher", qu'ils se demandent s'ils n'ont jamais eu ou n'auront jamais de leur vie, un différend, une dispute, un litige avec un mauvais coucheur, un voisin, un rival, un collègue, un patron... et si, dans le cas où quelqu'un leur en voudrait, ils aimeraient que leurs noms, adresses, les noms et âge de leurs enfants, dates d'anniversaire, téléphones, adresses des écoles ou ils vont, préférences politiques ou syndicales, etc.. soient disponibles plus ou moins facilement à travers les fessebouc, les programmes de "profilage", ou les méthodes de hacking plus ou moins connues... Bref si ils se croient à l'abri de toute jalousie, haine (justifiée ou pas), et de toute intrusion au point de laisser publiquement ouverts leurs agendas, leur vie privée et celle de ceux qui leurs sont chers... ?

Une lecture bien éclairante, qui "déniaisera" pas mal de lecteurs.

Ultralucide - - - ans - 20 avril 2013