Le périple de Baldassare, Tome 1 : Le Centième Nom
de Joël Alessandra

critiqué par Shelton, le 17 mars 2013
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Une petite merveille...
Transformer un grand roman en grande bande dessinée n’est pas chose aisée. Souvent les « adaptateurs » rencontrent les pires difficultés à trouver le bon rythme, le bon tempo… Ainsi proposer des albums qui ne sont ni trop bavards – la bédé n’est pas le roman – ni trop frustrants – à force de faire des ellipses on finit par perdre le cœur de l’œuvre initiale – est travail rare et exceptionnel ! Alors, c’est pour cela que j’ai réellement envie de vous dire que nous tenons-là une grande œuvre, quelque chose d’étonnant et de grande qualité, une série bédé originale et atypique et, pourtant, née de la lecture d’un roman, Le Périple de Baldassare d’Amin Maalouf…

Attention, il ne s’agit pas d’une adaptation mot à mot, validé par le romancier, mais bien d’une série bédé d’après l’ouvrage d’Amin Maalouf, un récit écrit et mis en bédé par Joël Alessandra, en trois volumes. Joël Alessandra utilise un style qui lui est cher, le style « carnet de voyage » qui s’adapte parfaitement à ce récit. Il garde la richesse d’Amin Maalouf, c’est à dire une multitude de récits qui s’enchainent les uns aux autres en ne laissant que peu de répit au lecteur pour reprendre son souffle. Du coup, on parle de tout dans cette histoire : de la vie, de la mort, de l’amour, de la haine, de femme, de l’homme, de la religion, de l’Apocalypse, du commerce, du voyage, de la mer, des couleurs, du pouvoir, de l’arbitraire, de l’argent… sans oublier tout ce que j’oublie de citer tant le récit est riche…

Dès la première page, l’émotion est montée en moi et je me suis dit que j’avais là en mains un livre qui serait probablement inoubliable. En effet, le personnage de Baldassare m’a paru vivant, cohérent, réaliste, proche… ce qui n’était pas évident puisqu’il vit au dix-septième siècle, au Moyen-Orient, qu’il est libraire, qu’il est d’origine génoise… Au début de l’histoire – du récit, du voyage, de la série, à vous de choisir tout est valable – il est aussi veuf, sérieux, intelligent… je précise bien cela car il va s’embarquer dans une véritable folie…

Au départ, l’objet des recherches – pas que des siennes d’ailleurs – est le livre « Le centième nom » d’Aboumaher Al Mazandarani… Mais on ne sait même pas si cet ouvrage a existé. C’est un livre mythique et à moins de le tenir un jour en main… Ce qui arrivera à Baldassare, un jour, un peu par hasard !

Mais avoir un trésor en main, si on n’y pas prêt peut être un non-événement, ce qui sera le cas pour Baldassare. Il va s’en séparer un peu vite en passant à côté de ce qui est une richesse incroyable – du moins c’est ce que d’autres ont l’air d’affirmer… Quand il réalise les choses, c’est trop tard. Du moins c’est ce que penseraient de nombreuses personnes intelligentes. Lui, va se lancer à la recherche de ce livre et c’est ce qui va devenir l’occasion de faire un grand voyage bien réel, mais aussi un périple intérieur, une sorte de quête qui va le faire grandir au moment où le monde craint une Apocalypse totale…

J’ai adoré ce récit, son découpage, ces dessins, des éléments de carnet de voyage, les personnages, le dessin et la narration graphique de Joël Alessandra, Baldassare et ses neveux, Marta… J’ai aussi adoré cette façon de construire le récit de Maalouf, la façon de faire mourir les personnages en une nuit ou au contraire, d’en faire apparaître un dans le groupe en quelques instants sans raison bien réelle… C’est une féérie, un feu d’artifices, une magie des mots enrichie maintenant par les couleurs et les traits de Joël Alessandra… c’est tout simplement extraordinaire !!!

Je ne peux que donc vous inviter à lire le roman et la bande dessinée car les deux sont complémentaires et il ne faut surtout pas passer votre chemin sans vous arrêter lire ces pages géniales et admirables !!!