Les deux patries : essai historique sur l'idée de patrie en France
de Jean de Viguerie

critiqué par JulesRomans, le 18 mars 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Et nous verrons demain, la Nation nouvelle relever de ses maux notre France éternelle (extrait d'un acrostiche dédié au Maréchal Pétain)
L'introduction donne la clé :

« Toute histoire de l’idée de patrie est vaine, si les deux sens du mot ne sont pas distingués.

Le premier est le sens traditionnel conforme à l’étymolo­gie. Le mot "patria" dans le latin médiéval, et le mot "patrie" adopté par la langue française au seizième siècle, désignaient la terre des pères, le pays de la naissance et de l’éducation. L’amour de la patrie – le mot patriotisme n’existait pas encore – rendait à la France les devoirs de la piété avec les honneurs du respect et de la fidélité. La patrie était la France. La France était un être moral doté de vertus. Les Français évoquaient souvent ces vertus de la France et voulaient s’en montrer dignes. En cas de guerre certains d’entre eux acceptaient de donner leurs vies. Mais aucune obligation n’était faite au commun des citoyens de mourir pour la patrie sur simple réquisition du prince.

Le deuxième sens peut être qualifié de révolutionnaire. Il se précise peu à peu au cours des dix-septième et dix-huitième siècles. La nouvelle patrie est d’abord celle des libertins, tout pays où l’on est bien. Elle devient ensuite celle des philosophes des Lumières tout pays où l’on est bien par la vertu des "droits du genre humain". Enfin elle se réalise pleinement dans la patrie de la Révolution, c’est-à-dire dans les droits de l’homme. Cette patrie n’est pas la France, et la France ne représente pour elle qu’un support et un instrument. Le patriotisme qui lui correspond, la divinise, l’adore, la place au-dessus de tout, déclare à ses ennemis une haine mortelle et réquisitionne à son service les vies de tous les citoyens. On voit que ce deuxième sens n’a rien à voir avec le premier ».

Il s'agit donc à travers ce livre de dénoncer tous les apports de la Révolution française. Le problème est que pour ce qui est du patriotisme, cette valeur passe au bout d'un siècle à droite et qu'elle est même le ciment de ceux qui n'ont plus de prince qui fasse l'unanimité parmi eux.

L'auteur voit bien que Maurras est le digne (ou l'indigne) héritier des idées révolutionnaires en cette matière. Il s'est fait donc critiqué par les penseurs actuels de l'Action française pour l'avoir avancé.

Aujourd'hui et depuis la Belle Époque ceux qui se veulent les héritiers de la Révolution française sont plutôt internationalistes. C'est normal selon l'auteur car « nous savons que déjà les hommes de la Révolution, et leurs successeurs et disciples du dix-neuvième siècle, rêvaient d’une France absorbée dans le genre humain. Mais ils avaient encore besoin de la France et du sang français pour imposer aux pays esclaves l’idéologie libératrice des droits de l’homme ».

Malgré les sursauts dus au moment Pétain et à l'épopée de l'OAS, « la France n'est donc plus une nation ».