Porcelaine - La légende du tigre et de la tisseuse
de Estelle Faye

critiqué par Alouette, le 16 mars 2013
(Seine Saint Denis - 38 ans)


La note:  étoiles
La Belle et la Bête revisitée
L’histoire commence vers l’an 200 en Chine. Pour faire plaisir à son père potier, obsédé par son art, Xia Chen brave les interdits pour lui rapporter du bois d’une forêt sacré. Pour le punir, les êtres magiques le condamnent à avoir une tête de tigre. Les villageois le chassent, son père lui offre sa pièce maîtresse. Xia Chen est engagé dans une troupe de comédiens (composée entre autres d’une fée dont les pouvoirs sont bridés, d’un contorsionniste en quête d’immortalité) itinérante. Xia est enfin accepté. Il tombe même petit à petit amoureux de la belle Brume de Rivière, la fée aux lucioles.
Mais pourquoi est-elle bridée par la maîtresse de la troupe ? Est-elle un danger pour elle-même ou pour les autres ? Le contorsionniste va-t-il pouvoir atteindre l’immortalité ? A quel prix ? Ce choix va-t-il affecter Xia Chen ? Ce dernier va-t-il se débarrasser de sa tête de tigre ?

Beaucoup de questions qui vont, bien entendu avoir des réponses. L’auteure nous transporte dans sa période historique favorite : la Chine médiévale. Elle a donc beaucoup de connaissances sur le sujet ainsi que sur l’art de faire de la poterie.
L’histoire pourrait être comparée au conte de la Belle et de la Bête. Pourtant, au fil de l’histoire, elle va prendre une tournure plus complexe et plus intéressante notamment sur la difficulté à garder la part humaine (combattue par la part animale) mais aussi sur la complexité à s’adapter à ses nouvelles capacités (Xia Chen peut bondir très haut et a une endurance très développée) animales. Comment se passera le processus inverse (s’il a lieu) ?
Une écriture très poétique, un livre qui se lit très rapidement et très facilement. La couverture est très bien dessinée, dommage qu’il n’y ait pas d’illustrations à l’intérieur de l’ouvrage.
Légende du tigre et de la tisseuse 6 étoiles

Conte fantastique entièrement localisé en Chine, depuis l’an 200 et 15 siècles plus tard.
L’histoire de Xiao Chen, transformé par vengeance d’un Dieu, en homme à face de tigre, et par la force des choses ( !) doté d’un cœur de porcelaine (peu mortel donc, sauf que la porcelaine ça peut se fêler voire se casser …) (j’ai pensé assez fort à « La mécanique du cœur », de Mathias Malzieu), Brume de Rivière, fille-fée à la rancune extrêmement tenace et Li Mei, une tisseuse qui saura voir la part humaine en Xiao Chen.
Ces trois-là vont parcourir les siècles, dans une Chine qu’on verra bien sûr évoluer, mais l’aspect fantastique est fortement dominant et brouille les cartes pour quelqu’un comme moi peu habitué à ce genre fantastique.

« A la lisière du bois étrange, une haute silhouette apparaît, un homme âgé qui caresse d’une main pensive sa longue barbe blanche. Le Dieu du Hengsan, qui couve d’un œil froid la silhouette fugitive du garçon.
…/…
Xiao Chen étire avec bonheur ses bras hors de la couverture, pointe son nez hors du tissu laineux. Rarement la montagne a senti aussi fort, sans doute à cause de la pluie. L’adolescent respire à pleins poumons. Il repousse au loin sa couverture, se met debout d’un mouvement souple, se gratte la joue. Mais sa joue …
Quelque chose de doux, de chaud et de velu est collé dessus. Une sorte de fourrure. Xiao Chen gratte plus fort. Ca ne s’enlève pas, au contraire. Comme si la fourrure était sa propre peau. Est-ce qu’on lui a mis ça sur le visage dans la nuit ? … »

Et voilà comment on nait homme à face de tigre. Il suffit d’irriter un Dieu, de violer une forêt interdite et bing ! C’est comme ça en Chine apparemment. Au moins dans la Chine d’Estelle Faye.
Evidemment quand on est homme-tigre … qui plus est doté d’un cœur de porcelaine … ça ouvre des perspectives interdites aux simples mortels. Estelle Faye greffe là-dessus des histoires d’amour, au long cours (Xiao Chen et Brume de Rivière traversent quand même une quinzaine de siècles !), des histoires de désamour, de batailles, de théâtre … C’est un conte. Il faut le prendre pour un conte.

Tistou - - 67 ans - 29 juin 2016


Symbolisme éternel 8 étoiles

Les contes chinois comportent une grande part de fantastique. Estelle Faye en imagine un très joli avec les codes habituels du conte et ses thèmes fétiches : l’amour, la jalousie et la métaphysique. Sa version se porte toutefois beaucoup plus sur le fantasy. Le héros passe une partie du livre avec une tête de tigre et un cœur de porcelaine. Malgré l’emploi généreux de ces artifices, ce n’est pas déroutant. Je dirais même que l’imagerie du roman est magnifique. En quelque sorte, elle est la raison première de lire ce conte autrement banal.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 8 mai 2016


Conte trop conte... 7 étoiles

Xiao Chen, victime d’un sort se retrouve avec le visage d’un tigre. Il quitte son père et part sur les routes avec une troupe. Il devient comédien et se fait des amis mais des créatures les poursuivent et leurs chemins se séparent…
Premier roman des « Moutons Electriques » que je lis, leurs romans me font toujours envie par leurs couvertures pleine de couleurs et leur format originale. Malheureusement, je suis ressortie de cette lecture à moitié satisfaite. J’ai aimé cette histoire qui se déroule sur près d’un millier d’années avec un trio de personnages, l’univers du spectacle, la découverte de la Chine mais… le côté conte trop prononcé, le fantastique trop présent m’ont empêché d’apprécier totalement cette lecture.
Les amours qui se font et défont au fil des années permettent de s’attacher à ces personnages qui ne sont ni exagérément bons ou mauvais. Un bon moment tout de même.

Shan_Ze - Lyon - 40 ans - 18 février 2016


Un conte chinois 6 étoiles

Le livre est divisé en trois parties, trois périodes de la –longue (plus de 15 siècles)- vie de Xiao Chen, fils de potier, puis… Impossible de raconter sans vous gâcher le plaisir de la lecture.
Une découverte de la Chine à diverses époques et dans divers milieux.

L’histoire est prenante, je ne m’y suis pas ennuyée, mais trop longue pour un conte, à mon avis.
Trop d’invraisemblances (et je ne pense pas à la magie) à mon goût.
J’ai trouvé la fin décevante.

Il semble que ce livre fasse référence au conte du Bouvier et de la Tisserande et au roman "Au bord de l'eau", livres que je n’ai pas lus.
Livre lu dans le cadre du prix CL 2016

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 18 janvier 2016