Nouilles froides à Pyongyang
de Jean-Luc Coatalem

critiqué par Fanou03, le 10 mars 2013
(* - 50 ans)


La note:  étoiles
fascinante Corée du Nord
Journaliste de son état, Jean-Luc Coatalem nous fait la chronique d'un voyage d'une douzaine de jours dans une des dernières "Terra Incognita" de la planète: la Corée du Nord, pays extrêmement secret mais où, contrairement à la légende, il n'est pas impossible de faire du tourisme.

Le narrateur, en compagnie de son meilleur ami, flanqués de leurs inébranlables guides-gardiens, tentent d'atteindre vainement l'intimité d'un pays dont on ne leur offre qu'un décor d'opérette convenu. Mais à travers les failles de la mise en scène et les anecdotes cocasses se devine toute la tragédie d'un peuple courbant les épaules sous le fardeau du régime le plus totalitaire du monde.

J'étais très curieux de lire ce récit de voyage, car la Corée du Nord est décidément un pays fascinant. On sent bien que l'auteur aussi était assez excité de visiter cette contrée et de se frotter à cet univers très fermé. Malheureusement, malgré toute son astuce, il ne parvient ni à percer le vernis policé de ses guides ni à s'imprégner de l'essence profonde des nord-coréens. En effet, les quelques personnes que croisent l'auteur se gardent bien de lui adresser la parole ou d'engager la conversation. Il en ressort un récit étrange, où finalement le journaliste n'a pas grand chose à nous raconter (je pense qu'il s'en rend compte et que cela le désespère) et où les rencontres humaines sont singulièrement absentes (et pas par la faute de l'auteur). Ce pays est décidément impénétrable, et on en tremble encore plus pour ces habitants.

Vous n'apprendrez donc pas de vrai scoop sur la Corée du Nord, et encore moins sur son peuple. Comme le programme de visite concocté par ses guides n'est pas très excitant, Jean-Luc Coatalem essaie d'épaissir sa chronique avec différents procédés (comme des digressions sur le roman de Melville qu'il est en train de lire) qui à mon sens n'apportent pas de plus-value. Mais c'est un récit très bien écrit, alerte, ironique et vif. Et l'auteur nous fait parfaitement partager son sentiment d'incrédulité face à ce régime qui tient à la fois de la comédie et du drame.
Enquête lunaire 7 étoiles

Décrire un régime autoritaire ne relève pas de la première simplicité. Aussi le journaliste qui décide de mener l'enquête se contente-t-il de décrire ce qui lui est autorisé à voir, via son guide-gardien, qui ne doit pas lui lâcher d'une semelle. Nous avons ainsi droit à une analyse des pénuries, pannes d'électricité, grandes places vides, la peur visible de l'étranger dans le regard des autochtones, tout cela sur un ton semi-drolatique ; et son compagnon de retour, rétif aux voyages mais soudain curieux de se rendre dans une destination improbable, ne l'aide pas vraiment, ni à l'aventure, peu recommandée en pareil lieu, ni vraiment à l'analyse de la situation.
Ce journal de voyage inquiète, informe a minima et et divertit à la fois. C'est aussi étonnant que déconcertant, sans s'avérer bien utile.

Veneziano - Paris - 48 ans - 6 septembre 2025