L'incendiaire
de Jón Hallur Stefánsson

critiqué par Sahkti, le 9 mars 2013
(Genève - 50 ans)

La note: étoiles

Au creux des âmes

Seydisfjördur est une petite ville islandaise en apparence très tranquille. Sauf que depuis quelques semaines, de mystérieux incendies éclatent dans diverses maisons en l'absence de leurs occupants. Si l'origine criminelle des incendies ne fait pas de doute, l'enquête piétine et aucun des habitants ne semble comprendre ce qui lui arrive. Reykjavik décide d'envoyer l'inspecteur Valdimar Eggertsson sur place. Il connaît bien le coin, une partie des gens du cru et il offre un regard neuf sur cette enquête qui patauge.
Progressivement, il découvre à quel point chacun ment, à quel point les secrets du lieu pourrissent la vie des uns et des autres. Les mensonges s'enfilent comme des perles le long d'un cordon qui va le mener à l'explication finale et au coupable. entre son arrivée et la résolution de l'énigme, chaque habitant est passé à la moulinette de ses interrogatoires. Un enquêteur en apparence placide, mais qui observe tout, se questionne sans cesse et veut à tout prix profiter de cette enquête pour s'éloigner d'une rencontre amoureuse décevante avec une femme souffrante qui le harcèle un peu trop à son goût.

C'est rondement bien mené ! Eggertsson est un type apparemment dénué d'émotions, doté d'un fameux sens de l'observation. Il fait mouche face à certains détails, part dans un sens avant de revenir vers une autre piste. Derrière lui, le lecteur que Stefànson entraîne avec plaisir. Au moment où l'on pourrait penser que..., on part ailleurs mais sans jamais vraiment délaisser l'hypothèse échafaudée et de fil en aiguille, on se surprend à imaginer, poser des questions, se dire que ceci ou cela, créant de la sorte une proximité bienvenue avec les différents protagonistes, qui ne sont pourtant pas des gens très attachants. Au final, on comprend les raisons, de nouveaux questionnements apparaissent, d'ordre plus moral, et on referme le bouquin satisfait.