La rafale, Tome 2 : Les traverses de Song-Lap
de Patrick Cothias (Scénario), Patrice Ordas (Scénario), Winoc (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 11 mars 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Tiens voilà du nem, voilà du nem, voilà du nem
Le nombre de BD francophones qui prennent pour décor l’Indochine du milieu du XIXe siècle à nos jours est assez pharamineux. Dans cette matière, il y a à distinguer quatre périodes : celle d’avant la colonisation, celle de la période de la colonisation (1858-1954), celle de l’intervention américaine plus ou moins directe (1954-1974) et celle démarrant avec le dernier quart de siècle. Du fait de l’existence d’auteurs d’origine vietnamienne en France ou Belgique, nous avons la chance d’avoir des titres où l’action se situe dans la première période.

Avec "La Rafale" nous sommes dans la période phare en nombre de titres de la présence française et dans l’univers vietnamien qui est bien plus traité que les mondes cambodgien et laotien.

En conséquence se pose la question de l’originalité de cette BD. Il s’agit ici de se centrer sur les hommes et les actions de la Légion étrangère qui composaient l’essentiel des forces armées agissant en Indochine entre 1945 et 1954. Rappelons que contrairement à l’Algérie, aucun appelé métropolitain ne servit là-bas. C’est un tableau nuancé des hommes de la Légion, au passé si différent. Des anciens républicains espagnols y côtoyaient alors par exemple ceux qui avaient combattu dans la Wehrmacht, voire dans les troupes SS.

L’autre aspect intéressant est donné par le titre du livre provient du fait que la succession de convois sur rails destinés à ravitailler les postes militaires étaient appelés "La rafale". Le dispositif était assez complexe et sept pages documentaires sur le sujet permettent de bien comprendre comment il pouvait éviter les bombes placés sous les rails et les attaques en cours de route.

Bien entendu les forces du Vietminh agissent quand même et les communistes comptent beaucoup sur leur réseau d’espionnage pour obtenir des renseignements destinés à rendre une attaque efficace. Le rôle de deux femmes, l’une Vietnamienne et l’autre Française, est assez opaque tout comme celle d’un Chinois venu à l’origine à la demande de Tchang-Kai-Check juste après la défaite japonaise.

Les décors sont très fouillés, la Légion étrangère a fourni les documents nécessaires à l'illustrateur et au documentaliste. Le style est assez réaliste pour les visages et la mise en page évite la monotonie.