L'héritage de Charlotte
de Mary Elizabeth Braddon

critiqué par Pierrequiroule, le 25 juin 2013
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Dans la tête d'un meurtrier de l'époque victorienne
Dans "Les oiseaux de proie", nous avions laissé Charlotte Halliday fiancée et en passe de devenir une riche héritière. « Qui fait attention au nuage grand comme la main qui se montre dans une immense étendue de ciel bleu ? La faible et presque imperceptible menace de ce petit nuage est perdue au milieu de la splendeur d’un ciel d’été. » Ainsi en va-t-il de la destinée de Charlotte : après une période idyllique, elle s’obscurcit progressivement. Et c’est dans son propre foyer que le bonheur et peut-être même la vie de la jeune fille seront menacés. Philip Sheldon, spéculateur rapace que nous avons rencontré dans le premier tome, est prêt à tout pour capter l’héritage de sa belle-fille. Fort heureusement, les véritables amis de Charlotte veillent, sous le regard protecteur de son fiancé Valentin.

Dans ce second et dernier tome, les intrigues familiales, amoureuses et financières se resserrent autour de la jeune héroïne, la prenant au piège. L’histoire devient plus trépidante, voire oppressante par moments. Les personnages révèlent leurs vrais visages: tandis que certains préparent un meurtre, d’autres s’amendent et ces évolutions les rendent plus complexes, plus humains.

Au final la plupart des romans d’angoisse –du gothique jusqu’au thriller moderne- proposent une même interrogation : la victime innocente se laissera-t-elle prendre dans les filets des méchants ou parviendra-t-elle à y échapper ? Question simple mais encore efficace de nos jours dans une narration.

D’autre part la chasse à l’héritage initiée dans « Les oiseaux de proie » continue ! Les recherches généalogiques entraînent les enquêteurs – et le lecteur – trente ans en arrière, sur la piste d’un héritier inattendu qui vit en France. Grâce à cette dimension historique, de plus en plus complexe, le mystère s’épaissit.

J’ai lu les 2 volumes de cette oeuvre –soit près de mille pages – en moins de 5 jours car il s’agit d’un thriller tout à fait passionnant. Certes, la fin est quelque peu moralisatrice, mais il fallait bien faire cette concession au lecteur victorien. N’oublions pas que ce roman date des années 1866-1869. Il est donc bien audacieux de la part de Mrs Braddon de nous introduire pendant plusieurs centaines de pages dans l’esprit d’un meurtrier!