La main de Dante
de Nick Tosches

critiqué par Nothingman, le 31 janvier 2003
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Où est passé le fil d'Ariane?
Et il m'en aurait bien fallu un pour arriver au bout du labyrinthe que constitue ce roman! Nick Tosches, célèbre critique rock américain , ayant déjà écrit quelques polars et biographies déjantées sur le rock , nous relate ici une histoire qui ne tient pas vraiment la route.
Nick, écrivain diabétique est engagé par la Mafia après que le manuscrit de la Divine Comédie de Dante ait été retrouvé dans un bas-fond du Vatican.Il est engagé car il est expert en livres anciens. Ce petit préambule qui pourrait constituer un bon départ de roman est cependant noyé par le projet mégalomane de l'auteur.A savoir digresser sur la vie de Dante un chapitre sur deux.Cela aurait pu être intéressant mais passer d'un chapitre écrit de manière vulgaire, sous forme de polar, à un chapitre sur Dante écrit à la manière d'une fable se révèle au final fort indigeste.Et tout cela tout le long du livre. Notons que les personnages ne sont qu'entraperçus et décrits de manière assez formelle
Reste quelques prouesses malgré tout et notamment une critique forte du monde de l'édition américaine. Une critique vraiment dure aux mots secs, une écriture qui se veut provocation.Mais passé ce fait d'armes, on retombe dans les méandres inextricables de la pensée de cet auteur.Ce roman a des qualités certes, d'écriture notamment, mais se révèle au final bien indigeste.
Foutraque. 4 étoiles

Je veux bien que certains encensent Nick Tosches comme un des plus grands de la littérature contemporaine américaine mais, pour ma part, j’y vois surtout un grand instable, doué mais « pas fini », pas mal défoncé probablement, avec un goût évident pour la provocation. Ceci ne suffit pas à mes yeux pour en faire un grand.
Il a pourtant – c’est indéniable dans ce roman – des connaissances approfondies en ce qui concerne Dante, sa vie son œuvre, mais il présente une caractéristique rédhibitoire : celle du monsieur qui veut rester cryptique, probablement en partie par paresse (celle d’avoir à organiser son écriture) et par provocation (genre « je vous jette un os, démerdez-vous avec ça »). En outre, quelque chose de particulièrement pénible sont ses citations en italien, en latin, voire en anglais … absolument pas traduites pour les béotiens (forcément !) que nous sommes. Condescendant le monsieur. Dis Nick ? Et si retirais le poil que tu as dans la main ?!
Parce qu’en plus le procédé narratif ne simplifie rien puisqu’il traite, au fil des chapitres, de la vie de Dante et des efforts d’un homme de main de la Mafia chargé d’aller récupérer le manuscrit de « La Divine Comédie », pas moins, assisté d’un Nick Tosches himself dans le rôle d’un écrivain raté spécialiste de Dante.
Nick Tosches ne donne aucun repère. Il passe du coq à l’âne puis revient à Dante et repart sur l’âne avant de virer coq. C’est agaçant au possible et me parait très méprisant vis-à-vis du lecteur. Le temps que j’ai mis à livre cet ouvrage est révélateur : longtemps, trop longtemps. J’avais autant envie de me replonger dedans que de me noyer.
Voilà quelqu’un qui a certainement de très belles aptitudes à l’écriture, qui a de réelles connaissances en matière de Dante et de Mafia, mais qui s’en fout un peu puisqu’il est encensé par certains. On n’est pas loin de l’escroquerie …
Il ne suffit pas d’être cryptique pour avoir du génie. Surtout si la confusion résulte d’une absence de volonté d’ordonner son discours.

Tistou - - 67 ans - 12 juin 2017


Nick n'est pas Umberto même si... ! 7 étoiles

Là Nick t'as fait fort, très fort ! Même si c'est un peu le souk dans ton bouquin comme le disent les experts ci-dessus. Mais je pense que tu t'es joyeusement amusé à énerver tes lecteurs rien que pour le plaisir. Moi, j'ai tout de même bien aimé ce bouquin car, même si tout le monde ne peut pas se prendre pour Umberto Eco, tu te balades aussi aisément dans le tréfonds de New York que dans les sous-sols de la chapelle Sixtine et tu visites l'Italie de la Renaissance comme la pègre du XX° siècle. Cette richesse culturelle fait passer un scénario un peu rocambolesque et m'a fait lire ton oeuvre avec un réel plaisir. Le choc de l'histoire et du polar n'est pas forcément du goût de tout un chacun ! Un truc tout de même dis à ton éditeur que tout le monde ne possède pas l'italien, le latin, le grec, l'anglais comme toi et que les notes en bas de pages seraient les bienvenues.

Débézed - Besançon - 76 ans - 12 février 2008


Tosches se défoule 5 étoiles

Nick Tosches est un homme étonnant ! Auteur de biographies délirantes et pourtant très minutieuses, grand amateur de la mafia et de la poésie de Dante Alighieri, dont il étudie l’œuvre depuis des années, dans le texte s’il vous plaît.
Dans ce bouquin, trois protagonistes évoluent : Dante, Nick Tosches et Louie le mafioso. Il y mêle biographie, autobiographie et roman et ce mélange produit un cocktail épatant ! Bon suspense autour de la découverte du manuscrit original de La Divine Comédie dans les caves du Vatican, portrait d’un vieux prêtre qui espérait se la couler douce à l’abri des regards et des ennuis, départ du bouquin pour la collection privée d’un riche parrain sicilien, ce qui attise la convoitise d’un mafieux new-yorkais qui envoie deux émissaires en Sicile pour s’approprier le précieux livre. Parmi eux, Louie, un pro de la gâchette (Tosches nous en dresse un long portrait, froid et cynique). Louie est peut-être doué pour le crime, mais la culture, heu… alors il est accompagné d’un écrivain minable (alias Nick Tosches himself qui livre ici plusieurs pans de sa vie réelle, les mêlant habilement à de la fiction, histoire de noyer le poisson et de nous faire devenir fous). Et là, ça devient délirant ! Contacter Bill Gates pour lui vendre le manuscrit ! J’ai une pensée émue pour ce pauvre Bill qu’on brocarde un peu partout comme le riche benêt de service.
Dans ce roman, on évolue en permanence entre la finesse du langage de Dante et la rudesse de celle de Louie, entre New York et l’Italie, entre meurtre et poésie, entre les soucis d’inspiration de Dante et ceux plus pratiques d’un tueur à gage. Un roman plein de verve, de cynisme et d’humour. (Bien mieux que Da Vinci Code, même si dans la même ligne scénarisée). Le milieu américain de l’édition en prend plein la vue et c’est tant mieux !

Sahkti - Genève - 49 ans - 21 juin 2004


Bien vu ! 7 étoiles

Je viens de terminer le livre et je pense que votre critique est très adéquate, réussie.
Malgré ses gros défauts ( pages entières incompréhensibles), je suis heureux d'avoir découvert cet auteur incontestablement ultra-doué. La poésie apparait souvent . Je vais même acquérir " Hellfire" qui, paraît-il, est un de ses meilleurs bouquins..

Macréon - la hulpe - 90 ans - 29 août 2003