Tarass Boulba
de Nicolas Gogol

critiqué par Nathafi, le 4 mars 2013
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
"Brut de décoffrage"

« Dieu a donné à l’homme, par tout ce qu’il y a en vous, ah !… dit Tarass, avec son geste de décision, en secouant sa tête grise et relevant le coin de sa moustache, non, personne ne peut aimer ainsi. Je sais que, maintenant, de lâches coutumes se sont introduites dans notre terre : ils ne songent qu’à leurs meules de blé, à leurs tas de foin, à leurs troupeaux de chevaux ; ils ne veillent qu’à ce que leurs hydromels cachetés se conservent bien dans leurs caves ; ils imitent le diable sait quels usages païens ; ils ont honte de leur langage ; le frère ne veut pas parler avec son frère ; le frère vend son frère, comme on vend au marché un être sans âme ; la faveur d’un roi étranger, pas même d’un roi, la pauvre faveur d’un magnat polonais qui, de sa botte jaune, leur donne des coups sur le museau, leur est plus chère que toute fraternité. Mais chez le dernier des lâches, se fût-il souillé de boue et de servilité, chez celui-là, frères, il y a encore un grain de sentiment russe ; et un jour il se réveillera et il frappera, le malheureux ! des deux poings sur les basques de son justaucorps ; il se prendra la tête des deux mains et il maudira sa lâche existence, prêt à racheter par le supplice une ignoble vie. Qu’ils sachent donc tous ce que signifie sur la terre russe la fraternité. Et si le moment est déjà venu de mourir, certes aucun d’ eux ne mourra comme nous ; aucun d’eux, aucun. Ce n’est pas donné à leur nature de souris ».

J’ai particulièrement aimé le passage ci-dessus, qui m’a semblé indispensable pour vous proposer ma critique de Tarass Boulba ; il présente à lui seul l’âme du Cosaque, fier, courageux, solidaire, défendant corps et âme sa religion, sauvegardant ses coutumes et traditions.

Cette nouvelle retrace l’histoire de Tarass Boulba et de ses deux fils, Ostap et Andry, fraîchement délivrés d’études pour le moins inutiles aux yeux de leur père. Il tient à ce que ses garçons deviennent, à leur tour, de véritables Zaporogues, tribu cosaque particulièrement belliqueuse, contre l’avis de leur mère qui aimerait pouvoir les chérir encore, afin qu’ils ne deviennent pas des hommes tels que leur père, violent, irrespectueux, insensible et sanguinaire. Pour ce faire, il les emmène un jour à la Setch, sorte de village qui rassemble tous ces hommes combattants. Arrivé là-bas, il déplore l’inactivité de ces guerriers, et trouve le prétexte pour partir au combat.

C’est ainsi qu’Ostap et Andry font leurs premières armes parmi les Zaporogues, découvrent les combats, les embuscades, les beuveries tristement réputées. Tarass, emporté par la fougue de ses deux fils, renaît lui aussi et partage son expérience. Leurs cibles ? Les Polonais et les Juifs, qu’ils s’acharnent à provoquer, piller, tuer.

Point de fioriture dans ces récits de rassemblements et de batailles, les images défilent sous les yeux du lecteur comme s’il y était, avec cette simplicité d’écriture et ce style que je qualifie de « brut de décoffrage », qui sied parfaitement à l’esprit de ces Cosaques. Tarass Boulba est un homme d’honneur, un honneur qu’il porte haut et fort, menant les hommes et plongeant dans la bataille comme les autres. Il sera fier de ses fils, surtout d’Ostap qui prendra rapidement de l’importance au sein de la troupe, sera surpris des faits de guerre de son cadet, Andry, qu’il sent pourtant plus fragile et influençable.

Une nouvelle à découvrir pour connaître la vie de ces Zaporogues, Maîtres de l’Ukraine, et leur lutte acharnée, au nom de la religion orthodoxe qu’ils voulaient voir régner partout dans le monde.
Violent 9 étoiles

Dans ce livre on découvre la violence des peuples slaves, leurs mœurs et aussi leurs mépris envers les autres peuples slaves. Les armées russes et des batailles, des morts, l'invasion de la Pologne, la prise de Varsovie. L'histoire d'une famille qui se déchire, des frères qui prennent parti chacun pour un camp. Le camp des justes et le camp des vainqueurs. Un livre à Lire. C'est enfin un livre russe avec peu de pages et peu de détails, un livre contemporain facile à lire et simplement écrit. On y découvre l'âme slave dès les premières pages.

Obriansp2 - - 54 ans - 6 mai 2016


Epique et flamboyant 10 étoiles

Tandis que la Renaissance fleurit en Occident, le monde slave est déchiré par d'âpres luttes féodales. Ce roman historique de Gogol nous entraîne dans la steppe, sur les traces des Cosaques Zaporogues, en guerre contre leurs ennemis polonais et tatars. Peuple de farouches cavaliers, les Cosaques s'organisent au XVIème siècle en confrérie militaire au service de la religion orthodoxe. Mais c'est surtout leur indépendance et leur fierté de guerriers qu'ils veulent préserver. Cette histoire est l'épopée du vieux Tarass Boulba et de ses deux fils, Ostap et Andry qui, revenus du séminaire, s'initient aux moeurs sanguinaires de leur tribu. Mais si l'aîné semble taillé pour les honneurs de la guerre, le cadet, sensible et passionné, va se forger une toute autre voie. Trois personnalités, trois destins tragiques qui marquent durablement le lecteur. L'esprit génial qui les a conçus met leur image dans nos yeux.

Le style coloré de Gogol, son souffle épique et visionnaire font de ce roman un véritable chef d'oeuvre! Pour qui a lu "Les nouvelles de Saint-Petersbourg" ou "Le Révizor", cette facette plus sauvage de l'auteur a de quoi surprendre. C'est aussi un hymne à la nature, une évocation magistrale de la steppe ukrainienne qui servira de modèle par la suite à Tchékhov. Quant aux Cosaques, tour à tour ennemis et alliés de la Russie, ils ont fourni une aide précieuse contre l'armée de Napoléon. Ils sont également à l'origine du Kazatchok et de la balalaïka, comme vous l'apprendrez dans cette histoire.

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 20 janvier 2016


Taras Boulba 9 étoiles

Le passage à la vie adulte de deux jeunes cosaques séminaristes.
Nous sommes à une époque où la barbarie régnait partout. Taras Boulba, seigneur cosaque, va accompagner ses deux fils, Andréi et Ostap, dans un grand rassemblement qui décidera, une fois de plus, d'entrer en guerre contre les Tatars et les Polonais , ennemis de toujours. Chrétiens Orthodoxes, les cosaques s'opposent à leurs voisins Tatars (musulmans) et Polonais (catholiques), défendant leur identité et leur mode de vie.
Nous verrons quelle est la destinée de ces trois hommes quand: "Toute la surface de la terre semblait un océan de verdure dorée"
J'ai apprécié ce livre pour son écriture vive et directe, le rythme soutenu et plein de rebondissements, la description de la société de cette époque.
Merci, Nicola Gogol , pour ce bon moment de lecture!

Fabert - - 71 ans - 10 octobre 2015