La grande librairie : Les 400 meilleurs dessins
de Jul

critiqué par Numanuma, le 2 mars 2013
(Tours - 50 ans)


La note:  étoiles
Dessine-moi un écrivain
Avez-vous déjà regardé une vidéo rétrospective des Guignols de l’info ? En général, les images arrivent à arracher un sourire mais la franche rigolade de la première diffusion est passée. J’ai fait le même constat en revoyant les vieilles émissions des Inconnus : les rides sont passées par là, je ne suis plus dans l’état d’esprit de l’époque et je ne suis plus au lycée.
Tout ça pour dire la difficulté à retrouver l’humour de l’instant. Il faut réussir à accéder à une sorte d’éternité via un événement précisément situé dans le temps. Le talent, camarade, le talent…
Et Jul fût.
Ceux qui affectionnent la Grande Librairie, la seule émission littéraire que je connaisse diffusée à une heure de grande écoute, en semaine, soit le jeudi de 20h30 à 21h30, à peu près, je n’arrive jamais à voir le début, j’ai un fiston à mettre au lit, se souviendront des interventions du dessinateur, 5 à 6 fois par émission, venant illustrer d’un rire salvateur des sujets épineux ou un peu chiants sur les bords.
Ce sont ces 400 dessins que nous retrouvons dans cette anthologie « Julienne », autant de croquis qui, pour la plupart, ont mérité leurs galons d’éternité. Page 9, Proust descendant du métro à la station Madeleine, pas besoin d’avoir vu l’émission ni même d’avoir englouti les centaines de pages de la Recherche du temps perdu pour comprendre. Évidemment, d’autres sont plus ancrés dans le contexte de l’émission, de manière générale, tous les dessins mettant en avant un auteur contemporain dont, par définition, on ne sait s’il passera à la postérité. D’autres encore sont à la lisière. Ainsi, pour illustrer la section « Les Classiques », on trouve ce dessin d’un couple au lit, madame expliquant à monsieur : « pas ce soir, j’ai les Fleur du mal à la tête ».
En-dehors du fait que le trait d’humour est excellent et la référence connue, ce qui suffit pour la faire passer dans une catégorie disons, « intemporelle », je trouve que le personnage de l’homme ressemble à DSK, ce qui donnerait plutôt à classer ce dessin dans une catégorie « Actualité ».
Bien entendu, le présentateur, François Busnel, ci-devant rédac-chef du magazine Lire, y est croqué plus d’une fois et il a droit à la couverture et à un chapitre.
Pas rancunier, heureusement, c’est lui qui a eu l’idée d’un dessinateur pour son émission, initiative ô combien iconoclaste dans le monde très sérieux et très feutré des magazines littéraires, Busnel signe la préface du livre. Il faut dire que cette drôle d’association a fait le bonheur des spectateurs et le succès d’une émission de qualité même si, parfois, Busnel s’écoute un peu parler.