La fille de l'hiver
de Eowyn Ivey

critiqué par Ayor, le 16 février 2013
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Espoir et mélancolie
Le premier roman d'Eowyn Ivey est empreint de poésie, d'espoir, mais également de mélancolie.
L'histoire se déroule au début du XX ème siècle, et c'est parmi les contrées sauvages, les magnifiques paysages et la rudesse du climat de l'Alaska qu'elle nous embarque avec ce couple vieillissant, qui à la suite de la perte de leur bébé, délaisse leur famille et la Pennsylvanie.
C'est au milieu de rien, dans une nature encore vierge qu'ils installent leur cabane et cultivent la terre à des kilomètres de toute civilisation.

Voici donc le décor que plante l'auteur, qui déroule lentement son histoire avec un style simple et plaisant à lire.
La petite maison dans la glace 4 étoiles

Après une fausse couche qui met fin à l'espoir de mettre au monde un enfant, Jack et Mabel décident de quitter leur vie privilégiée de lettrés, leur famille et amis, pour tenter de se reconstruire, en tentant la grande aventure de l'Alaska (le livre se déroule au début des années 1900). Dans l'isolement glacé de leur nouvelle maison de bois, ils doivent apprendre à produire et s'organiser pour ne pas mourir de faim pendant l'hiver. Pendant que Jack, la quarantaine passée, se lance dans l'agriculture, Mabel essaie de tenir une maison où il n'y a pas grand-chose à faire, quand elle ne se morfond pas sur leur sort. L'aventure qui devait les rapprocher n'est qu'une suite d'épreuves, jusqu'au jour où, sur un coup de tête, Jack invite Mabel à danser et à rire dans la neige. Ils finiront par créer ensemble un bonhomme de neige, enfin, une petite fille de neige, que Mabel habillera d'un manteau et de gants bleus.
Le lendemain, par la fenêtre de la cuisine, ils croient voir un éclair bleu disparaitre derrière la lisière des arbres. Ce qui est sûr, c'est que leur sculpture est détruite et qu'il ne reste pas de traces des vêtements qui lui avaient été mis. Plus tard, ils trouveront des traces de renard. Puis une petite fille, habillée du fameux manteau bleu, s'enfuira à leur approche, accompagnée du même renard.
Mabel se rappelle alors d'un conte russe de son enfance, qu'elle aimait particulièrement. Dans ce conte, un couple de vieillard sans enfant faisait un bonhomme de neige. Le lendemain, le bonhomme prend vie et devient une petite fille, la fille de l'hiver, enfant sauvage accompagnée d'un renard. Pour qu'elle reste auprès d'eux, le renard devait toujours rester en vie…


Mais pourquoi n'ai-je pas dit non, quand ma mère, sans demander mon avis, a mis d'office ce livre dans la valise. "Tu verras, ça change", a essayé de me rassurer ma grande sœur. Je me connais, les jolies histoires pleines de bons sentiments, je déteste ! Et le résultat est là. Oui, il y a de bonnes choses dans cette fille de l'hiver : la découverte d'un nouveau monde et de nouvelles mœurs, l'évolution des personnages, et ce récit qui flirte de façon fluide et réussie et sans avoir l'air d'y toucher avec le fantastique.
Mais que c'est mièvre et sentimental ! On se croirait dans un remake en Alaska de la petite maison dans la prairie, les enfants en moins, la neige en plus ! Ca dégouline de bons sentiments, ça pègue d'amour pour son prochain, ça s'enlise dans le désespoir de ce couple sans enfant, dans l'espoir et l'amour inconditionnel pour une petite sauvageonne à moitié fée, ça joue sans arrêt sur la corde raide de la petite larme d'émotion, etc… Même l'écriture est lisse, un peu trop à mon goût.
Je ne vais pas dire plus de mal que ça de ce livre, qui a très certainement son lectorat, et permet, à ceux à qui il plait, de se dépayser et de rêver un peu dans un univers blanc et glacé. Ce que je sais, c'est que vraiment, mais vraiment, ce n'est pas le type de lecture qui me convient !


- Chère Mabel, on ignore ce que réserve l'avenir. Nous autres, on est le jouet de la vie. C'est ça la grande aventure. Vous savez pas où vous allez échouer ni dans quel état. C'est le mystère, et ceux qui prétendent le contraire sont que des menteurs.

L'amour débordant, le dévouement, le fol espoir, la crainte, tout cela restait contenu dans le ventre arrondi d'une femme.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 3 novembre 2014