La controverse de Valladolid
de Jean-Claude Carrière

critiqué par Folfaerie, le 24 janvier 2003
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Au nom de Dieu
Valladolid 1550.
Dans une salle d'un collège dominicain, deux hommes se font face. Le philosophe Sepulveda et le prêtre Bartolomé de Las Casas. Entre eux, le cardinal Roncieri, légat du pape, va arbitrer la célèbre dispute et décider du destin de tout un peuple : les indigènes du Nouveau-Monde ont-ils une âme ? Sont-ils les égaux des chrétiens ? La réponse qui sera donnée entraînera maints bouleversements, et les deux adversaires savent que de leur argumentation dépendra le sort de l'Espagne, des colonies et de l'Europe toute entière. Sepulveda, partisan des colonies et de l'esclavage s'oppose à Las Casas, figure incontournable de son époque et ardent défenseur des indiens.
Carrière a transformé cette controverse en récit à suspense, avec un diabolique ressort dramatique, qui se rapproche énormément du théâtre. D'ailleurs, ce récit a été adapté et la pièce fut montée à Paris, il n'y a pas très longtemps. Les dialogues sont brillants, la reconstitution minutieuse et la chute, incroyable, laisse la porte ouverte à d'autres réflexions, d'autres interrogations toutes aussi cruciales. Même si Carrière a pris quelques libertés quant à la forme, le fond lui est plus que respecté. On découvre ainsi tout ce que la colonisation du continent américain doit au catholicisme, et pourquoi certains actes furent commis au nom de Dieu. Et puis évidemment, on ne peut qu'admirer Las Casas, passionné, humble, engagé, tirant la leçon de ses erreurs passées pour servir sa cause. Un grand homme qui a changé le cours des choses. Un très bon livre donc, que je recommande chaudement.
La supercherie de Valladolid 5 étoiles

Ce petit livre et le téléfilm qui en est tiré en auront bientôt autant fait pour l’édification de la « légende noire du christianisme » que le concile de Macon et le soi-disant vote, à une seule pauvre voix de majorité, ayant concédé une âme aux femmes !

Pourtant, Jean-Claude Carrière avertit le lecteur : oui le contexte est historique, et les personnages, Sepulveda, Las Casas, ont bien existé. Mais son texte est une fiction, car la célèbre controverse ne portait pas sur l’humanité des Indiens, déjà reconnue depuis lurette par le pape.

La controverse portait sur leur conversion : par l’exemple ou par la force ? Elle préfigure un peu le débat qui secoua notre République quelques siècles plus tard, posé par Jules Ferry, nouveau Sepulveda, en termes de droit pour les « races supérieures » à coloniser les « races inférieures » au nom d’une « mission civilisatrice ».

A lire les critiques de ce livre, ce petit rappel qu’il faut le lire comme une fiction n’est pas inutile.

Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 30 septembre 2013


Emouvant ! 9 étoiles

Il est, de mon point de vue, judicieux de souligner deux éléments à prendre en considération lors la lecture de cet ouvrage :

La vérité est un point de vue:

Les réalités changent selon les sociétés et selon les époques. Certaines idées qui sont admises et considérées comme évidentes aujourd’hui, ne l’étaient pas avant , ou ne le sont pas pour d’autres sociétés. Il faut prendre cela avec beaucoup de recul et sans appréhensions. Si le lecteur du 21ème siècle prend très rapidement position pour Las Casas, cela ne serait pas le cas d’un lecteur du 16ème siècle. Les réalités changent les vérités.

La pensée libre :

Chacun se garde le droit d’avoir son propre point de vue. Il nous arrive d’être choqué par des propos tenus par l’autre, mais cela n’empêche que nos propos peuvent aussi être choquants et provocateurs. Il faut léviter l’esprit et opter pour une attitude sereine et tolérante lors des débats et des discussions car ce qui nous semble évident et acceptable peut être outrant et inconcevable dans l’esprit de l’autre.
suite => http://www.panshir.com/?p=130

Rguigsaad - - 37 ans - 30 septembre 2013


Sur l'île déserte... 10 étoiles

Sans aucun doute, un des livres que j'emporterais sur une île déserte. Remarquable, intelligent, brillant, humaniste d'un bout à l'autre. La pièce filmée jouée par les immenses acteurs que sont Marielle, Trintignant et Carmet est époustouflante. elle est sortie en DVD, à ne pas manquer.

Le rat des champs - - 74 ans - 21 décembre 2012


Etres humains ou pas êtres humains, telle est la controverse 9 étoiles

Cinquante-six ans ! Ils auront mis cinquante-six ans pour se pencher sérieusement sur la question de savoir si les populations conquises méritaient vraiment le rang d'êtres humains.
Et Dieu sait si elle divise, cette question, au sein de la chrétienté. A tel point qu'en 1550, le pape envoie un émissaire à Valladolid pour en débattre avec deux religieux espagnols : Ginès de Sepúlvera, un intellectuel sans état d'âme pour qui l'exploitation et le massacre des Indiens n'enfreignent aucune règle divine, et Bartolomé de Las Casas, homme de terrain qui, pour les avoir fréquentées, témoigne avec émotion de toute l'humanité de ces peuplades.
On se croirait au tribunal, où les accusés auraient commis le crime de ne pas avoir les mêmes attitudes, les mêmes coutumes, les mêmes perceptions,les mêmes croyances, enfin le crime d'être différents de leurs bienfaiteurs ou bourreaux, selon le point de vue que l'on adopte.
La conquista et toutes les colonisations qui allaient suivre ont distribué les cartes de la prospérité, ont déterminé les (dés)équilibres géopolitiques qui prévalent encore aujourd'hui.
Au vu des haines raciales, religieuses ou politiques qui tenaillent encore de nos jours des peuples contre d'autres, on peut se demander si le monde est devenu plus civilisé cinq siècles et demi plus tard.
"La vie de mille d'entre eux ne vaut pas celle d'un seul d'entre nous" n'est qu'un exemple d'horribles phrases entendues récemment qui tendrait à faire croire qu'il n'est pas beaucoup moins barbare qu'alors.

Millepages - Bruxelles - 65 ans - 19 décembre 2012


Sommes-nous tous humains? 10 étoiles

J'ai adoré ce livre. Contrairement à une critique existante, je ne trouve pas le fond plat . C'est un livre qui se lit assez facilement , la multiplicité des dialogues aidant , et rapidement pour connaitre la décision du prélat. Il parait parfois inconcevable qu'on ait pu un jour se poser cette question et que certains défendaient la thèse de " ils sont nés pour servir "
Avec ce livre on fait un retour sur l'église catholique de 1550 et ses préceptes . Les expériences sont assez impressionnantes ( le serpent alumes , quand on amène les indiens et que certains se hasardent à demander si les femmes peuvent être fécondées ;l'expérience avec l'enfant )
C'est un livre qui fait beaucoup réfléchir , sur la colonisation , le choc des cultures ; la différence des peuples ? Et sur la notion de guerre " juste " pour évangéliser en quelque sorte pour leur bien .
Cependant j'attendais une justification de la décision du prélat et surtout à la fin on voit que le combat n'est pas terminé et que le problème n'a fait que se déplacer . Pour la société de 1550 il y aura toujours des peuples inférieurs .

Tyty2410 - paris - 38 ans - 12 novembre 2008


Des arguments forts, mais le fond reste plat 7 étoiles

J'ai trouvé ce livre très intéressant grâce à un sujet important et des argument forts. On voit jusqu'où la folie religieuse peut mener les hommes. cependant, ce n'est pas un livre qui se lit avec "plaisir". c'est à dire qu'il est plutôt court, mais long à lire, avec de longs passages ennuyeux. Dommage.

Nouillade - - 33 ans - 15 mars 2008


Des conséquences inhumaines de la colonisation 10 étoiles

Les Indiens d'Amérique sont-ils humains ? Doivent-ils être respectés comme tels ? Sont-ils aptes à croire en Dieu ? et, en cas contraire, est-il donc possible de les réduire en esclavage et de les livrer à des sacrifices de masse ?
On a eu récemment en France un débat sur les effets positifs de la colonisation, que la loi même aurait voulu reconnaître et faire insérer dans les manuels scolaires. Même si l'action du livre se déroule trois siècles avant celle mieux connue de l'Afrique et de l'Asie du sud-est, ce livre aurait pu alimenter ce débat.

C'est une quasi-pièce de théâtre, par l'importance des dialogues, qui rend l'action particulièrement vive, pour un sujet qui ne l'est pas moins (sans volonté de calembour). On devine la fin, mais ce n'est pas l'important : tout est dans le raisonnement. Comment arriver à convaincre et vaincre ? convaincre l'Eglise et l'Espagne et vaincre la mauvaise foi d'un philosophe sectaire ?

Jean-Claude Carrière est normalien, ce qui ne l'empêche pas d'écrire simplement, tout en utilisant des incises, en maniant le suspense excellement et en analysant à fond les protagonistes du roman.
Par ailleurs, il est le scénariste de presque tous les films de Luis Bunuel, cinéaste surréaliste que j'adore, grâce à lui aussi. Il a également été chroniqueur dans l'émission radio On va s'gêner sur Europe 1, présentée par Laurent Ruquier, à l'époque où elle ne commençait pas à être monopolisée par un humour, certes toujours agréable, mais un peu plus convenu et un peu moins brillant qu'à ses débuts.

Je recommande ce livre chaudement.

Veneziano - Paris - 46 ans - 3 août 2006


Alors? Humains ou pas? 10 étoiles

J'ai adoré ce livre : je l'ai lu en version théâtre, ce qui rend l'action et l'argumentation concises et percutantes!!
J'aimerais beaucoup voir Marielle dans le téléfilm, dans le rôle du moine défenseur du peuple indien, j'aime énormément cet acteur!
Très très, mais alors TRES bon!!
A lire et relire!!
(Et c'est pas souvent que mon prof de français me donne des livres sympas à lire! ^^)

Poupi - Montpellier - 34 ans - 2 novembre 2005


Encore d'actualité 9 étoiles

Je lisais ce livre et me venaient à l'esprit les atrocités qui se commettent aujourd'hui et depuis deux ans et demi en Irak. Parfois, il m'était impossible de dissocier les deux "conquêtes", les deux occupations, tant les arguments de Sepúlveda se rapprochent de ceux de Bush.
Et ça fait peur de se dire que dans certaines têtes (je ne parle pas de celles des indiens) si peu de choses ont changé tant la différence fait peur.

Un très bon livre sur la "conquête" du Nouveau Monde et les exactions (doux euphémisme) commises par les espagnols. Une "dispute" qu'on apprécie au fil des pages. Il donne envie de lire Bartolomé de Las Casas pour en savoir davantage.

Alandalus - BORDEAUX - 67 ans - 4 octobre 2005


Un tournant dans l'histoire 10 étoiles

Je me souviens lorsqu'en rénové notre professeur de français nous avait fait visionner le téléfilm avec Carmet et Marielle.Ce film m'avait profondément marqué voire choqué. En effet, je ne pouvais pas comprendre que l'Eglise s'arroge le droit de dire qui l'on pouvait considérer comme humain et qui comme ne l'étant pas! Car c'est de cela dont il était question à Valladolid: savoir si les indigènes étaient humains ou pas , question qui peut sembler saugrenue à bien des égards. Mais elle l'est beaucoup moins quand on sait que par la suite cette question a entrainé l'esclavage des noirs aux Etats-Unis.A ce titre cette controverse a marqué l'histoire bien plus que ce que l'on croit.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 24 janvier 2003


Le téléfilm aussi ... 10 étoiles

je ne l'ai pas lu encore, je ne savais même pas que ça existait en livre, mais le téléfilm m'avait émerveillé ! Carmet et Marielle, dans un registre qui n'est pourtant pas le leur, étaient éblouissants ! Ils s'étaient d'ailleurs vus récompensés pour leur prestation par un 7 d'or. Je crois que je sais ce que je vais lire très bientôt...

Patman - Paris - 62 ans - 24 janvier 2003