De là, on voit la mer
de Philippe Besson

critiqué par Pacmann, le 21 octobre 2013
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Silence et solitude
Philippe Besson nous livre comme dans « Un instant d’abandon » une nouvelle marine littéraire.
Romancière, la quarantaine bien sonnée, Louise séjourne dans une villa sur la côte toscane prêtée par une amie sous le prétexte d’écrire un livre. Le décor n’est pas vraiment idyllique, soit la banlieue de Livourne, ville décrite par l’auteur comme une cité ayant raté son destin. L’écrivaine cherche avant tout à s’échapper.

Désœuvrée, délaissant François, un mari aimant mais ayant perdu tout attrait par la lassitude de leur relation, elle rencontre Luca, fils de sa femme de ménage. Interdite et consciemment illégitime, cette aventure va inspirer Louise qui se redécouvre attirante.

Rappelée à Paris suite à un grave accident survenu à François, celui-ci lui avoue que ce malheur apparent est en réalité un appel au secours. Elle lui avoue alors évasivement son aventure avec Luca, son hésitation à poursuivre dans ce mariage qui n’aurait jamais été que guidé par la raison.

De retour à Livourne, les choses se compliquent, la relation avec Luca semble se révéler réellement impossible et s’interrompt, ce qui conduit Louise à une forme de panique qui elle-même provoque la rupture définitive avec François. L’hiver arrive, son livre se termine, et Philippe Besson conclut son récit sur un surprenant happy end un peu facile.

Les thèmes de la culpabilité, de la déchéance physique et du désamour sont abordés dans un style efficace, transcendant et qui accroche véritablement le lecteur.

Les dialogues sont presqu’inexistants, mais tout est dans l’émotion, les regards et surtout dans le langage non-verbal décrit subtilement par l’écrivain. Les admirateurs de Philippe Besson ne seront certainement pas déçus, ses détracteurs n’y verront sans doute et à tort qu’un roman de gare prétentieux et ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur découvriront un écrivain très intéressant.

Très dépouillé 10 étoiles

J'ai bien aimé ce roman tout en dépouillement et en non-dits. J'ai du mal à croire qu'on le considère comment "un roman de gare", même s'il est vite lu. J'ai pensé, enfin un récit qui se termine bien... En ces temps de crise et de pessimisme ambiant, je trouve que cette histoire fait du bien au moral. Je compte même l'offrir...Louise est un personnage attachant et détaché des réalités matérielles. J'aime beaucoup sa façon d'appréhender la vie.

Flo29 - - 52 ans - 27 octobre 2014


L'habituel trio 7 étoiles

Louise, célèbre romancière quadragénaire, a pris ses quartiers en septembre à Livourne (Italie), dans une villa prêtée par une amie, le temps d'écrire son nouveau livre. Elle a laissé son mari, François, à Paris, ville qu'elle trouve si bruyante et si agitée qu'elle perturbe son inspiration. Une gouvernante, Graziella, s'occupe des courses, du ménage et de la cuisine. Luca, le fils de celle-ci, 21 ans, élève officier de marine, est intrigué par cette Française solitaire. S'ensuit une liaison torride mais sans grand lendemain. Comment Louise parviendra-t-elle à gérer sa vie sentimentale alors que François, victime d'un très grave accident de la route qu'il a provoqué, se retrouve dans le coma à l'hôpital ?
« De là, on voit la mer » est un roman sentimental qui se rapproche parfois un peu trop à mon goût du roman à l'eau de rose, voire du roman de gare. Les trois principaux personnages n'attirent pas vraiment la sympathie. Louise a un rôle de femme égocentrique, fantasque et assez immature. Les deux hommes , chacun à leur manière, qu'il s'agisse du mari mûr, fataliste et blasé ou du très jeune amant, gamin à sa maman, semblent faibles, obéissants et soumis. Cette situation d'adultère avec l'habituel trio, mari, femme et amant, est loin de briller par son originalité, même si la cougar lettrée pourrait être la mère de l'apprenti marin. Tout aurait pu être sauvé par un style flamboyant, un humour ravageur ou une distanciation élégante. Il n'en est rien. Bien écrit au début, le style se relâche au bout d'une centaine de pages et on se demande pourquoi. Redîtes et répétitions (voulues) se multiplient. Adieu le minimalisme, bonjour l'introspection facile. Besson dissèque, analyse et réanalyse impressions et sentiments sans craindre d'avoir recours à tous les poncifs des magazines féminins. Seul véritable intérêt de ce livre : les cinquante premières pages qui évoquent les difficultés rencontrées pour noircir la feuille blanche et qui sondent les arcanes de la création littéraire. Tel Flaubert qui proclamait que Madame Bovary c'était lui, Besson pourrait sans doute en dire autant de Louise. Mais ensuite, quand la narration passe à l'horizontale, quelle déception ! Vite lu, vite oublié, ce retour de flamme italien peut faire passer un moment divertissant aux amateurs (trices) du genre.

CC.RIDER - - 66 ans - 31 janvier 2014