La chanteuse de Vivaldi: Journal de Lucrezia, Venise, 1720
de Christine Féret-Fleury

critiqué par JulesRomans, le 31 janvier 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
1720 année de bouleversements intimes et politiques en Italie
L’héroïne Lucrezia participe comme figurante aux répétitions de La Vérité à l’épreuve de Vivaldi, elle est l’amie de la cantatrice Paula qui reçoit de mystérieuses menaces de mort. Toutes deux sont enlevées et elles doivent leur libération à un jeune homme dont s’éprend Lucrezia. Il s’agit de la mise en scène de la vie de Vivaldi à Venise dans l’ombre de rivalités entre castrats et cantatrices. La collection "Mon histoire" approche de la dizaine de titres, elle est basée sur la tenue d’un journal intime (avec une présentation en rapport : cartonnage et effet coupe-papier) par une jeune fille qui rend compte de sa perception de la société dans laquelle elle vit.

Le ton un parfois un peu subversif plaira aux adolescents :

"28 août 1720

Je hais les prêtres et les roux. Les premiers ont martyrisé mon enfance, et m'insupportent pour cette raison ; les seconds attirent par trop le regard. Digne élève en cela de l'institution qui me nourrit, je me méfie de tout ce qui brille. Et le prete rosso que l'on nous a donné pour maître de choeur ne m'a pas fourni, jusqu'à présent, de raison valable pour revenir sur ce préjugé. Nous dirige-t il pendant l'un des concerts que nous donnons pour la bonne société de Venise, il s'agite, gesticule, trépigne, postillonne, froisse le col de son habit ; pendant les répétitions, il tourne autour de nous comme un rapace prêt à fondre sur sa proie. Il dodeline de la tête, fredonne pour lui-même la mélodie principale, se balance comme un arbre tourmenté par un vent d'orage. Quand notre exécution le satisfait, il rend grâce au Ciel et tourne dévotement ses regards vers le plafond fissuré de la salle, mais la moindre fausse note le jette dans les excès d'une rage qu'il exprime en déchirant ses manchettes".

Rappelons que le traité de Madrid en 1720 voit Philippe V d'Espagne renoncer définitivement au trône de France et évacuer la Sardaigne et la Sicile. Charles VI lui renonce à la couronne d’Espagne et accepte que la suzeraineté des duchés de Toscane et de Parme aillent à l’infant don Carlos. Avec la signature de la Paix de La Haye qui s'en suit on assiste à un changement de dynastie dans de nombreux états italiens.