Le Marin à l'ancre
de Bernard Giraudeau

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 17 janvier 2003
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Voyage par procuration
Bernard Giraudeau a la bougeotte. Son ami Roland, surnommé l’Immobile, est cloué sur une chaise roulante.
Qu'à cela ne tienne, de 1987 à 1997 (date de sa mort), Bernard le fera participer à chacun de ses déplacements en lui écrivant.
Ces lettres sont ici regroupées en un recueil.
D'Afrique ou de province, en repérage pour un film ou en tournée théâtrale, Giraudeau détaille les paysages, caricature finement les gens, chante les ambiances, peint ses souvenirs aussi…
Et ainsi vogue le bateau, avec à son bord Giraudeau, épris de la mer, caracolant sur les vagues à l’âme, défiant les contingences de la maladie de son ami.
Ensemble, ils rêvent d’un possible voyage aux Marquises.
« Le seul sac que je mettrai sur le dos pour partir là-bas, ce sera toi ».
Ce livre qui n’a rien d'un roman nous berce néanmoins de son rythme discret.
Bernard Giraudeau possède un véritable talent d'écrivain, c'est surprenant…
Jugez plutôt.
« L'ironie est un papier de soie que l’on froisse lentement jusqu'à la déchirure.
Je veux dire que c'est agréable. »
Sarajevo, 4 juin 1996 : « C’est un tournage sur tombes fraîches. (.) Ici, les enfants ont grandi vite et dur.
L'avenir est dans les brumes de l'incertitude.
Il n’y a plus d'innocence.
Les façades sont des masques tourmentés, hideux.
Les murs bavent un dérisoire papier peint.
Il y a les yeux crevés des immeubles, les toits épuisés, les jardins piégés, les lames de verre dans le corps des maisons.
Le béton est sculpté à la kalachnikov. »
« Je n’aimerais pas trop que tu gardes la chambre.
Avec tous ces tuyaux, tu ressembles à un scarabée sur le dos.
Je ne veux pas savoir ce que tu mijotes. Je t’attends au bout du couloir.
Il y a une petite enseigne lumineuse verte et blanche comme dans les théâtres : SORTIE. Je t’attends là. »
Pour ceux qui ont la bougeotte ! 8 étoiles

Je connaissais Bernard Giraudeau acteur et réalisateur; je le découvre écrivain par le biais de ce livre.
Ses carnets de routes rédigés sous forme d'une correspondance avec son ami Roland, hospitalisé et cloué sur une chaise roulante. Ce dernier pourra ainsi parcourir le monde au travers des lettres envoyées par Bernard, à défaut de pouvoir l'accompagner.
La lecture est captivante, les portraits et des descriptions précis.

Un livre à ne pas manquer !

Popaul - - 54 ans - 21 octobre 2009