Les mouches pauvres d'Ésope
de Émilie Andrewes

critiqué par Libris québécis, le 17 janvier 2013
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Mourir les pattes collées dans le miel
L'auteure entraîne ses protagonistes dans un labyrinthe dont l'issue débouche sur la mort. Une mort qui résulte d'une passion destructrice, un peu à la manière de Bérénice de Racine.

Bérenne est d'ailleurs l'un des personnages presque homonyme du roman. La toile de fond représente le dîner de deux couples de la vingtaine. Leurs rencontres mensuelles se déroulent dans une atmosphère enjouée qui favorise des situations des plus fantaisistes, comme se retrouver les pieds dans le bol à salade alors que les fourchettes se fichent au plafond et que les verres éclatent en mille miettes.

La démesure peut gêner, mais Émilie Andrewes ne cherche pas à faire une caricature. Elle montre plutôt l'univers des jeunes, caractérisé par l'ardeur qui les pousse vers les projets les plus osés. Mais c'est surtout l'amitié qui leur donne la force de les réaliser, en l'occurrence la libération de l'un d'eux de la prison. Comme les mouches de la fable d'Ésope, mieux vaut mourir les pattes retenues par le miel après avoir eu le plaisir de goûter à ce qui nous tient à cœur.

Ce roman dépaysant se promène à travers un prisme qui déforme la réalité pour laisser entrevoir tous les possibles, qui habitent les protagonistes désireux de fusionner leur vie à celle d'autrui. Et l'écriture accompagne bien le délire d'une jeune auteure qui, comme un poulain, a de la difficulté à se contenir. Il y a de la vigueur dans l'air comme il y a de l'amour, dirait Martine Sinclair.