Les deux messieurs de Bruxelles
de Éric-Emmanuel Schmitt

critiqué par Falgo, le 11 janvier 2013
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Insipide
Cinq sujets à la mode du temps procurent la matière de cinq nouvelles. "Les deux messieurs de Bruxelles" - L'homosexualité; "Le chien" - La déportation; "Ménage à trois" - Le remariage; "Un coeur sous la cendre" - Le don d'organes; "L'enfant fantôme" - L'avortement thérapeutique.
Cela se lit facilement, l'intérêt s'éveillant dans les premières lignes. La suite, immanquablement, procure un ennui profond. C'est en même temps convenu, superficiel, bavard, mou et insignifiant. On détecte facilement le travail de l'écrivain pour la construction d'une intrigue permettant d'explorer le sujet. A ce titre, "Ménage à trois" comporte une surprise finale qui, passé l'étonnement premier, souligne la superficialité du propos.
Le pire est à venir avec le" Journal d'écriture" où l'écrivain construit un monument d'autosatisfaction et de complaisance envers lui-même. Chaque phrase fait ressortir l'écart qui sépare ce que pourrait être le traitement du sujet par un véritable auteur de celui que lui prodigue avec affectation cet écrivain à succès.
Cinq histoires, un fil rouge 6 étoiles

L’auteur franco-belge Éric-Emmanuel Schmitt nous sert une série de petites histoires qui mettent en scène des couples divers.

Ce n’est donc pas le thème qui tient le fil rouge, mais les différentes relations de deux êtres en abordant successivement l’homosexualité, la Shoah, le remariage, les traumatismes psychologiques liés au don d’organe et enfin la question de l’avortement sur des fœtus frappés de maladie grave.

Ces cinq histoires sont assez inégales et j’avoue que la troisième et la quatrième me sont apparues peu convaincantes, voire tirées par les cheveux.

Certes la lecture est assez aisée et agréable mais elle donne aussi l’impression qu’EES devient de plus en plus cabotin en publiant de la littérature de supermarché.

Si on veut faire la moyenne en accordant des étoiles individuelles à chaque histoire, j'arrive difficilement à 3 en arrondissant vers le haut.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 31 janvier 2020


Noblesse d'âme et bons sentiments. 9 étoiles

Ecrire sur l'amour est-il obsolète? Ces nouvelles qui nous en parlent au sens le plus noble du terme, celui de l'Agapé, quand les formes les plus banales sont dépassées, seront peut-être considérées comme mineures par nombre d'intellectuels autoproclamés. L'amour homosexuel des deux Messieurs de Bruxelles conduit à un amour inconditionnel pour une parfaite étrangère, et que dire alors de l'amour qui peut unir un homme et son chien! Cette histoire, la deuxième du recueil me rappelle la chanson Oural Ouralou de Jean Ferrat: "De nous deux qui était le maître, nous ne l'avons jamais bien su".
Merci Monsieur Schmitt de nous rappeler avec toute votre délicatesse que l'amour, le véritable existe sous des formes diverses ayant un point en commun, celui d'être inconditionnel.

Le rat des champs - - 74 ans - 18 mars 2013


tranches de vie 8 étoiles

Les deux messieurs de Bruxelles est un recueil de 5 nouvelles dont la première donne son nom à l'ouvrage.
Les quatre premières nouvelles sont plutôt longues, une bonne soixantaine de pages, presque des mini-romans, la cinquième est plus courte.
J'ai plutôt apprécié les deux premières nouvelles ainsi que la dernière, je n'ai pas du tout accroché aux autres. Finalement, les nouvelles que j'ai le plus aimé étaient celles qui suivaient ses personnages pendant plusieurs dizaines d'années, décrivant leur vie, leurs espoirs, leurs tourments et leurs joies.
J'aime la capacité d'E-E Schmitt d'adopter un point de vue différent, auquel on ne s'attend pas (comme on peut le voir dans ses romans La part de l'autre ou L'évangile selon Pilate) ; on retrouve un peu cette approche dans les deux premières nouvelles, Les deux messieurs de Bruxelles et Le chien.
L'intérêt d'une nouvelle est souvent sa chute, à laquelle on ne s'attend pas. Effet raté concernant la troisième nouvelle, Le ménage à trois, dont j'ai deviné rapidement l'issue ; du coup, le développement de l'histoire m'a paru longuet.
Contrairement aux autres nouvelles qui s'inscrivent dans la réalité, qui pourraient ou auraient pu être, la quatrième nouvelle, Le cœur sous la cendre, m'a paru peu plausible.
Enfin, si j'ai beaucoup apprécié L'enfant fantôme, j'y ai perçu une certaine cruauté que je n'avais jamais trouvé chez cet auteur, qui me parait poser généralement un regard bienveillant sur ses personnages.

Ces nouvelles parlent de ce qu'est un être humain, de ce qu'il y a derrière ce qu'on aperçoit au premier abord ; elles parlent aussi et souvent de la maternité, de la perte d'un être cher. Dans le journal d'écriture publié à la fin du roman, l'auteur nous fait part de ses pensées lors de l'écriture du recueil. Dans ces nouvelles, il développe un certain nombre de thèses sur des sujets d'actualité (le mariage homosexuel par exemple) que je ne partage pas et qui résonnent un peu, de façon discrète, comme des leçons de morale.

Dans tous les cas, le talent de conteur de Schmitt est présent, et sa plume fluide et élégante nous embarque pour de jolies rencontres. Un recueil agréable à lire.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 16 janvier 2013