Saria, Tome 1 : Les trois clés
de Jean Dufaux (Scénario), Paolo Eleuteri Serpieri (Dessin)

critiqué par PPG, le 4 janvier 2013
(Strasbourg - 48 ans)


La note:  étoiles
Superbe entame !
Jean Dufaux nous avait déjà démontré qu'il était un grand scénariste de la bédé (Complaintes des landes perdues, Djinn, Murena...). Ici, encore une fois, il ne nous déçoit pas. Associé avec un fabuleux dessinateur, l'Italien Paolo Serpieri, il nous enchante avec cette entame du triptyque "Saria".

Sans repère spatio-temporel bien défini, ce premier volet nous transporte en Italie (on le suppose pour des tas de raisons), dans une époque ancienne où nous perdons vite pied car apparaissent des éléments de modernité, de sciences-fictions même, par la présence de quelques inquiétants équipements électroniques et autres robots, apparemment des vestiges des temps barbares durant la Guerre Sainte. Justement de la religion il en est beaucoup question. En effet, un pouvoir religieux omniprésent désire garder une mainmise totale sur le peuple (tout en ne voulant pas perdre de fidèles de peur qu'ils ne partent grossir les rangs d'une croyance "concurrente"). Comme bras droit, ce pouvoir religieux semble avoir à sa solde une puissante milice fasciste (à sa tête, Amilcar, sosie de Mussolini).

Dans cette cohue des univers, où une société vit selon des codes et des lois instables, empreinte d'une vision passéiste et violente (comme l'Inquisition et ses tortures publiques), un vieux prince, Asanti, meurt et transmet secrètement à sa fille Saria un mystérieux coffret renfermant trois clés (celle du paradis, des enfers et du néant) qu'un de ses ancêtres aurait dérobé au terrifiant gardien (gardienne ?) des portes, Galadriel. Le frère du défunt, le doge, convoitait depuis longtemps ces clés, sans succès. Accompagnée d'Orlando, Saria fuit et réapparaît six ans plus tard. Une partie du peuple, ayant visiblement placé ses espoirs en elle, lui a donné comme surnom "La Luna".

Ainsi, bons nombres d'individus convoitent ces clés, d'autant plus qu'il existerait une porte qui accepterait les trois clés : "La porte de l'ange", le pouvoir suprême...

Comment ne pas être sous le charme d'une telle entame ? On démarre tambour battant avec un scénario prenant, captivant et prometteur pour le volet 2 et 3 ; le tout servi par une merveille de graphisme aux magnifiques couleurs (ceci me fait un peu penser aux premières oeuvres de Bilal). Plaisir supplémentaire, cet opus comporte 62 planches, que du bonheur !

Le deuxième tome, un peu plus court, est déjà sorti. A noter que, vraisemblablement pour des raisons médicales, Paolo Serpieri n'a pas pu continuer l'aventure, laissant son crayon et ses pinceaux à un autre Italien tout aussi talentueux, mais dans un style différent, Riccardo Federici.