En 1945, Abel, un indien Kiowa, retourne dans sa tribu réfugiée dans une lointaine mesa du Nouveau Mexique après des années de tribulations depuis le Montana. Parti de longues années, il a de la peine à retrouver ses repères et à renouer avec ses origines. Il va habiter chez son grand-père, un vieil homme parvenu aux portes de la mort. Il va devoir l'accompagner jusqu'à l'issue fatale. Il aime courir seul dans les canyons et vivre en sauvage. C'est un homme blessé et porteur d'un lourd secret. Il a froidement assassiné de plusieurs coups de poignard un homme blanc. Il a purgé sa peine et est passé par de longues années d'errance et d'alcoolisme. Mais dans le pueblo, il n'est pas le seul à avoir connu un parcours chaotique : il y a aussi le père Olguin, un vieux curé borgne qui a fauté autrefois avec une indienne, une américaine de passage qui a attiré Abel sur sa couche et une assistante sociale au coeur un peu trop généreux...
« La maison de l'aube » se présente comme un roman totalement paradoxal et fortement déconstruit. Momaday, que la préface présente comme le premier et le seul véritable auteur peau-rouge, a une façon très particulière et très personnelle de présenter son récit. Pas vraiment de logique, ni d'intrigue, ni de chronologie. Mais de petits récits mis bout à bout. Des personnages à peine présentés qui apparaissent puis disparaissent après s'être exprimés sur le mode choral. Des faits de la vie ordinaire, de fort longues descriptions de paysages dans un apparent désordre, une sorte de puzzle comme abandonné à la sagacité, à la bonne volonté et à la logique du lecteur. Autant dire une lecture plutôt laborieuse au bout du compte. Néanmoins, cet ouvrage présente un certain intérêt ne serait-ce que du point de vue anthropologique, géographique ou psychologique. Le lecteur y apprendra pas mal de choses sur les moeurs et la mentalité des Indiens du Sud des Etats-Unis mais nettement moins que dans le plus modeste des titres de l'excellente collection « Terre Humaine ». En dépit des louanges dithyrambiques d'une préface outrageusement promotionnelle et de l'attribution d'un prix Pulitzer sur des critères qui mériteraient éclaircissement, un léger sentiment de déception prédomine quand même.
CC.RIDER - - 66 ans - 29 juillet 2013 |