La vie d'Elvis
de Alain Ulysse Tremblay

critiqué par Libris québécis, le 31 décembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Hamburger, Sauce, Tomate, Mayo
Les goélands ont toujours ennuyé Elvis, mais il éprouve maintenant de la sympathie pour ces « mange-marde » quand ils enfilent l’horizon en quête d’un quelconque moustique. Du perron de sa maison gaspésienne, où il attend sa mort prochaine, il les contemple en racontant les péripéties de sa vie tranquille au cœur de la tourmente. Naufrage, braquage, mort d’amis, blessure handicapante.

Avec la valise maganée héritée de son père, il est allé user ses semelles comme marin, concierge, roadie d’un band rock et surtout cuisinier. Homme aux 36 métiers et aux 36 misères né à La Malbaie, il aboutit enfin à Montréal. Grâce à sa fameuse sauce à hamburger, dont il a volé la recette à un villageois de son patelin, il s’est assuré un certain bonheur comme il a assuré celui du patron d'un boui-boui de la Main (rue St-Laurent) où il travaillait. Elvis a profité de toutes les chances qui se sont offertes sans s’apitoyer sur son sort.

Alain Ulysse Tremblay s’est penché avec beaucoup d’amour sur la vie d’un homme zen en évitant d’en faire le héraut d’un monde nouveau. Ça repose du héros narcissique qui se considère comme le porte-étendard de sa génération. À travers une écriture vernaculaire que d’aucuns pourraient réprouver, l’auteur a brossé, à coups de traits expéditifs, le tableau d’un personnage sympathique pour la simplicité de ses sentiments. C’est conforme à la politique de l’éditeur, mais ça ne rassasie pas le lecteur.