Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes
de Robert M. Pirsig

critiqué par Vigno, le 12 janvier 2003
( - - ans)


La note:  étoiles
Entretiens sur le zen et les motocyclettes
D'un strict point de vue littéraire, c’est sans doute un mauvais roman, ce que l’auteur admet volontiers. « Si j’étais un véritable romancier, plutôt qu’un conteur de chautauqua, j’essaierais de « développer le caractère des personnages » - John, Sylvia et Chris -, de réussir des scènes mouvementées qui révéleraient en même temps la signification profonde du zen, et peut-être de l'Art, et peut-être même de l'entretien des motocyclettes. Ce serait un drôle de roman que, pour diverses raisons, je ne me sens pas capable d’écrire. » Effectivement l’intrigue est désastreuse et les personnages, sauf le narrateur anti-héros, à peine esquissés.
Pire encore, ces chautauguas (« On appelait chautauqua, autrefois, les spectacles ambulants présentés sous une tente, d’un bout à l’autre de l'Amérique où nous vivons. C’étaient des causeries populaires à l'ancienne mode, conçues pour édifier et divertir, pour élever l’esprit pas la culture. ») ne sont que dissertations philosophiques pour ne pas dire discours interminable d’un ex-professeur qui essaie de retrouver le parcours intellectuel qui l’a mené de l’enseignement de la rhétorique à la folie et à l’abandon de sa famille. Bref, rien pour retenir un lecteur. Et pourtant, ce livre qui pèche contre toutes les règles, est captivant.
Voyons un peu le résumé. Le narrateur et son fils, accompagné d’un couple d’amis, pendant la première moitié du trajet, quittent le Minnesota en direction de l’Ouest, en empruntant des routes secondaires. Finalement le père et le fils iront jusqu'à San Francisco. Bien entendu, ils voyagent en motocyclette. Aucun événement majeur ne vient perturber le voyage. L'intérêt du livre vient d’ailleurs. D’abord, il y a la relation tourmentée entre le père et son fils, relation qui ne s’éclairera que dans les dernières pages du livre. Surtout, il y a les interrogations du narrateur (un trajet à rebours pourrait-on dire) qui, dans un passé pas si lointain, a poussé tant et si loin sa recherche d’une « nouvelle vérité » qu'il a sombré dans la folie.
Ce livre a le mérite de poser certains questions importantes (que nous allons résumer en quelques lignes, donc très grossièrement). D’abord comment expliquer le gâchis de la société actuelle? « La cause des crises sociales que nous connaissons, paraît-il, doit être cherchée dans une aberration génétique de la raison elle-même. » Ce livre attaque l’hégémonie de la raison sur laquelle s’est édifiée la civilisation occidentale.
Il attaque aussi, par le fait même, ses prolongements scientifiques et techniques mais aussi sociaux. L’auteur pense qu’il faut renouer avec les émotions et que la véritable intelligence créatrice ne peut se trouver qu'à la croisée de ces deux pôles de l'esprit humain. Ce qui doit la guider toute l’activité humaine, c’est une recherche de la Qualité, mélange de subjectivité et d’objectivité, d'art et de science. L’auteur échafaude toute une théorie autour de ce concept, théorie dont il essaie de retrouver des traces aussi bien chez les grands philosophes occidentaux de l’Antiquité jusqu’au XXe siècle que dans la pensée orientale.
Et le zen ? On y fait à peine quelques allusions, sans plus. « Les seules pensées zen que vous puissiez trouver en haut d'une montagne sont celles que vous avez apportées avec vous. » Quant à l’entretien des motocyclettes, l'auteur essaie de montrer qu'il obéit aux mêmes principes philosophiques qui régissent toute activité humaine. « Un moteur de motocyclette obéit point par point aux lois de la raison; et une étude de l’art de l'entretien des motocyclettes, c’est, en miniature, une étude de l’art du raisonnement. »
Ce « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » n’est peut-être par un grand roman, mais c'est un très bon livre qui distille un charme certain. Il date du milieu des années 1970 et porte quelques-unes des réflexions qui ont alimenté la fin du siècle dernier.
Traduit par Maurice Pons, Andrée et Sophie Mayoux
Une dure épreuve de patience 2 étoiles

Je me suis attaqué à ce roman avec beaucoup d'attentes et sincèrement j'ai été amèrement déçu. Je ne vois pas l'intérêt ou le certain engouement qu'il a pu susciter. Je ne vous le conseille pas, ne perdez pas votre temps surtout lorsque vous avez l'habitude de finir tous vos romans. Si l'histoire semble monotone, j'ai eu une sympathie pour la vie universitaire du personnage principal et son histoire qu'il relate mais sinon il est difficile de suivre le discours et les réflexions qu'il a durant son voyage sur la QUALITÉ notamment. Bref je n'ai pas aimé.

Ento93 - - 31 ans - 13 juillet 2014