Crise à la Maison Blanche
de Robert Kennedy

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 31 décembre 2012
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Echappé belle !
Il y a cinquante ans, le monde entier retenait son souffle ! Ce n'était pas la fin du monde annoncée mais, pour le moins, la fin de l'humanité programmée.

Un avion espion américain U2 avait formellement identifié des rampes de lancement équipées de missiles nucléaires sur l'île de Cuba qui, à l'époque, était une possession de l'URSS. Et ces rampes étaient pointées sur les villes américaines. Les spécialistes estimaient qu'en un seul tir, 80 millions d'Américains seraient massacrés !

Robert Kennedy, le frère cadet du Président J F Kennedy, fut le témoin actif de tous les débats que cette menace avait provoqués. Dans son livre il nous raconte, au jour le jour le jour et heure par heure, comment cette crise s'est dénouée entre le Président Kennedy, les états major des armées, le sénat des US et Khrouchtchev le maître du Kremlin.

Ce récit est passionnant ! Tous les militaires et à peu près la moitié des sénateurs américains voulaient frapper les premiers : pour eux, le statu quo de la guerre Froide était violé, c'était une déclaration de guerre. Ils accusaient Kennedy d'attentisme, de naïveté et de poltronnerie.

Tous les pays de l'OTAN, la France de De Gaulle, l'Allemagne d'Adenauer et l'Angleterre de Macmillan en tête, avaient formellement donné carte blanche au Président des États-Unis.
Tous les pays d'Amérique latine et la plupart des pays africains avaient manifesté leur confiance absolue dans le Président Kennedy.
La décision de déclencher la guerre nucléaire n'appartenait qu'à lui.

Tous les moteurs d'avions, tous les moteurs des chars américains ronflaient déjà à plein régime et toute la flotte dûment appareillée n'attendait qu'un ordre pour attaquer !
C'est le moment que Fidel Castro choisit pour abattre un avion de reconnaissance américain : cette fois, c'était une déclaration de guerre dans les règles !

Les communications avec le Kremlin étaient chaotiques. On ne savait pas exactement qui recevait les messages adressés à Khrouchtchev.
Après neuf jours de crise Khrouchtchev envoya à la maison Blanche un message personnel d'une confusion extrême. Il affirmait haut et fort que Fidel Castro était un irresponsable qui n'avait reçu aucun ordre ; il manifestait sa volonté d'anéantir les États-Unis mais, malgré tout, il laissait paraître sa réelle terreur d'une guerre nucléaire.

Dans ce récit, Robert Kennedy parle objectivement de son frère et modestement de lui-même. Modestement, parce que aujourd'hui on sait la part déterminante qu'il prit lors des décisions cruciales en tête à tête avec son frère.

Le livre contient des photos militaires et des portraits des principaux acteurs de ce drame. Il se termine par les textes des discours et des communiqués qui se sont échangés durant cette crise.

Six mois plus tard, le Pape Jean XXXIII sortait une encyclique Pacem in Terris dans laquelle il louait les acteurs de la crise d'avoir gardé leur sang froid et il recommandait d'établir des communications convenables entre les protagonistes pour éviter qu'une guerre ne soit déclarée sur un quiproquo ou un malentendu.

Ce livre est un document historique de première main, en même temps qu'un avertissement au monde. En cette fin d'année, où la terre entière s'échange des vœux de paix, il faut espérer que les maîtres qui nous gouvernent garderont toujours la tête froide et qu'aucun d'entre eux ne cédera à la tentation de provoquer une fin du monde.