Le souffle du Wendigo
de Mathieu Missoffe (Scénario), Charlie Adlard (Dessin)

critiqué par PPG, le 28 décembre 2012
(Strasbourg - 48 ans)


La note:  étoiles
Brève entraide dans les tranchées avant reprise des hostilités
"Nous avons un problème en commun. Je suggère simplement que nous le réglions au plus vite pour pouvoir continuer à nous entretuer tranquillement". Cet incongru et paradoxal échange donnera naissance à un étrange pacte d'entraide entre l'armée allemande et française. Il s'agira de débusquer la mystérieuse cause du décès de nombreuses sentinelles dans les deux camps. Nous sommes bien sûr au coeur des tranchées de la Première Guerre Mondiale.
Ainsi, trois soldats de chaque bord s'associent pour former une improbable groupe d'éclaireurs. Les tensions montent rapidement, d'autant plus que la présence de l'énigmatique Wohati, l'un des rares Indiens engagés dans les troupes américaines débarquées en France, interroge tout le monde quant à ses motivations profondes. Car, contrairement aux autres, il s'est porté volontaire pour s'embarquer dans ce qui va rapidement constituer un sanglant périple.

Servie par de magnifiques dessins, aux couleurs sombres et merveilleusement nuancées, cette bédé est une réussite. En 45 planches, cette histoire nous plonge immédiatement dans une oppressante et compulsive lecture. Il est impossible d'en dire plus par peur de trop dévoiler le récit, sinon que des thématiques telles que l'horreur de la guerre et son absurdité, la peur, la survie, le mystique des légendes indiennes... se mêleront subtilement pour former un ouvrage de qualité.
La fin, abrupte, violente et froide rend compte que l'oubli est souvent, dans des temps obscurs, un mécanisme de défense de l'Homme : pas de traces, pas de témoignages, rien ne s'est passé. Néanmoins, un mystère demeure quant à ce récit... hallucination ? authenticité ? vérité ? A chacun ses croyances... à moins qu'il ne soit préférable de ne pas savoir, de ne pas trop s'en approcher...