La frontière tatouée
de Fulvio Caccia

critiqué par Libris québécis, le 26 décembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Violence reflète ce que nous sommes
Un dé a six faces. Détrompez-vous, il en a sept. La septième, c’est l’impalpable, la personnalité cachée, un body-painting qui a camouflé ses doutes derrière des pictogrammes censés le révéler.

C’est à travers une activité ludique que Fulvio Caccia aborde la thématique des rôles que l’on tient dans la société. Des tagueurs se prêtent à un jeu à l’instar des soirées meurtre et mystère. Des graffiteurs rivaux participent à une lutte acharnée pour s’emparer du septième ciel. La suprématie de leur clan. Une espèce de guerre de gangs de rue virtuelle, qui devient réalité en rappelant les émeutes de Paris, circonscrites à l’intérieure de la frontière tatouée à l’effigie des sans-noms de la banlieue.

Le héros, David Kilroy, appartient à l’un de ces groupes secrets, qui couvre les murs en signant ses œuvres du parafe HMJ. Le meurtre d’un membre déclenche une poursuite infernale du coupable. Fulvio Caccia fait bien ressortir cette violence de nos sociétés. Comme dans un polar, David, son père Patrick ainsi que l’enquêteur Merle participent à la découverte de l’auteur du crime.

Violence qui doit être combattue, mais surtout reconnue comme étant le fruit de ce que nous sommes. La culpabilité est le premier maillon de l’assainissement des relations humaines, comme le montre le père à l’égard de son fils David. Rien n’est gratuit en fait. Un tourbillon entraîne les individus dans une spirale de violence, qui revient toujours à la case départ si l’on n’en brise pas la forme. De façon récurrente dans ses œuvres, l’auteur continue de méditer sur les manifestations qui profitent aux vendeurs de cercueils et d’urnes funéraires. Bref, ce roman brillant et original exploite l’art des tagueurs et des jeux vidéo pour illustrer la société post-moderne.