Un lit d'aubépine
de Jean Anglade

critiqué par CC.RIDER, le 20 décembre 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Humble saga familiale
En 1902, Pancrace Cervoni, un gendarme d'origine corse, débarque à Viverols, petite commune sise aux confins de l'Auvergne, du Velay, du Forez et du Vivarais. Il tombe amoureux d'une paysanne quasi illettrée, Tiennette Farigoule, qui accepte de devenir sa femme plus par devoir que par sentiment. Le couple aura trois garçons, Annet, Jean et André. L'aîné perdra un oeil lors d'un jeu de gamins et deviendra prêtre. Le cadet entrera à Saint Cyr et se retrouvera officier en Algérie où il épousera une autochtone après s'être converti à l'islam. Quand au benjamin, après des débuts peu enthousiastes comme facteur, il sera tenté par des profits plus substantiels et moins fatigants et deviendra proxénète à Lyon. Tiennette, en bonne mère, gardera un égal amour pour ses trois garçons aux destins aussi dissemblables.
Cette humble saga familiale qui s'étend sur un demi siècle permet au lecteur de traverser la Belle époque, la Première Guerre mondiale, la Seconde, l'Occupation et de terminer par l'Epuration, tels que ces évènements majeurs furent vécus par de petites gens de la campagne profonde. Les personnages de Tiennette, cette mère courage pas très finaude, et celui d'Annet, le prêtre borgne qui ne profite que de la moitié des choses de la vie, sont particulièrement attachants. La fin de l'homme de Dieu, en forme de montée au calvaire, a même quelque chose de christique. Le père et les deux autres frères relèvent plus du picaresque voire de l'eau-forte mais traités avec compassion et humanité par un Anglade toujours aussi excellent dans la description des ambiances villageoises. Bien que l'histoire soit assez banale malgré quelques anecdotes surprenantes comme cette improbable descendance de Louis XVII, l'ensemble reste agréable à lire ne serait-ce que par le dépaysement dans l'espace et le temps.