Thoreau - La vie sublime
de Maximilien Le Roy (Scénario), A.Dan (Dessin)

critiqué par Antihuman, le 20 décembre 2012
(Paris - 41 ans)


La note:  étoiles
« Nous sommes des mannequins montés sur une carcasse creuse et nous avons le foie à la place du coeur. »
Une fois n'est pas coutume une bonne et passionnante graphic novel à apprécier; à la bouche charnue, pleine, et aussi rouge carmin et non celle-ci là-bas mince et chiche appartenant à quelque de ces infirmières pète-sec mormon X, Y, ou alors Z.

Rousseau was right, allons vite tous vivre dans les bois dans une cabane... Donc le ton du célèbre pamphlétaire est plutôt respecté en dépit d'un format conventionnel, on découvre qu'il ne s'agissait pas d'un de ces nombreux philosophes de salon à la vie aisée et enfin les anecdotes originales ainsi que celles relatives à cette sorte de Spartacus finalement condamné à mort ne placent au final que sa doctrine un peu plus au sommet. ATTENTION: en dépit du caractère subversif, encore à ce jour, de l'ouvrage il ne s'agit pas non plus de l'adaptation de La Désobéissance Civile.



Résumé

Mars 1845. Henri David Thoreau, lassé des grandes villes et d'une société trop rigoriste pour le laisser pratiquer l'enseignement tel qu'il l'entend, le poète philosophe choisit de revenir à une vie simple, proche de la nature, dans son village natal. C'est dans ce cadre qu'il écrit les essais qui feront de lui une des figures marquantes du XIXe siècle américain, dont les idées trouvent plus que jamais un écho aujourd hui.
Un intellectuel complexe et fondamental pour l'Amérique 5 étoiles

Si chaque américain croise Thoreau au cours de sa scolarité, cet intellectuel du 19ème siècle est largement méconnu en Europe et il m'aura fallu le beau film de Seam Penn, Into the Wild pour lire Walden...
Cette bande dessinée a donc le mérite de combler un manque en proposant une biographie du philosophe de Concord connu entre autre pour La désobéissance civile (terme qui en fait n'apparaît jamais dans son oeuvre, comme on l'apprend dans l'excellent entretien placé en fin de volume).
Et c'est malheureusement un des seuls mérites de ce livre qui pêche notamment par la pauvreté du contenu... les épisodes marquants de la vie de Thoreau sont jetés au long des pages sans aucun narratif, les cases "contemplatives", notamment au cours de la période Walden, se multiplient (il était difficile de faire autrement certes, mais ici, cela confine à la facilité) et le lecteur n'en sait pas plus sur Thoreau qu'au début de la lecture.
Heureusement, l'introduction et, encore une fois, l'entretien viennent heureusement pallier la médiocrité du corps de l'ouvrage. Nous sommes ici devant un gâchis assez prononcé car l'idée de mettre en lumière Thoreau était brillante dans la mesure où la contestation de la modernité, celle de la résistance des peuples face aux Etats vont être des thèmes de plus en plus prégnants dans un avenir proche.
Une petite mention pour le dessin, assez décevant lui aussi, malgré un ton général, une coloration assez intéressante. C'est le trait qui ne me va pas, trop lâche et facile.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 21 mars 2015