Madrid, Montana
de Deirdre McNamer

critiqué par Heyrike, le 8 janvier 2003
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Les plaines de l'apocalypse
Dorrie Vane part effectuée ses études dans une université de Chicago, elle y rencontre un homme. Un enfant naîtra de cette liaison avec cet homme marié. Délaissée, elle se retrouve échouée sur les récifs d'une existence morne.
Dorrie décide de rentrer chez elle, à Madrid sa ville natale. Elle espère réussir à faire un point sur son existence, qui semble bien mal engagée. Son père accueil l'oiseau blessé dans son envol, et tente vainement de la soutenir. Sa mère absente, enfermé dans une maison de repos suite à des troubles psychologique qui lui ont fait perdre le contrôle de sa vie, hante ses souvenirs d'une douleur vive qui exacerbe son désespoir. Il y a son enfant, ce petit être qu'elle aime et qui est en même temps le stigmate de son échec amoureux et de ses rêves brisés. Les pleurs nocturnes de son enfant sont autant de coups portés à sa raison qu'elle sent défaillir, seule dans sa chambre sans personne à ses cotés pour la soutenir, l'encourager.
Elle croise Margaret, une jeune fille à l'aube de ses 11 ans. Moment crucial dans la vie de Margaret, qui commence à découvrir un nouveau monde fait du premier amour de jeunesse, du passage de l'enfance à l'adolescence, de l'univers des adultes qui la fascine avec tous ces mystères. Cette frontière ténue ou se côtoie deux univers si différent en apparence, mais si imbriqués en fait. Margaret et Dorrie feront un bout de chemin ensemble, jusqu'à ce que Dorrie dans un moment d'égarement ne brise leur amitié naissante. Margaret et Dorrie devront faire preuve de courage et de détermination pour trouver la voie qui mène au pardon.
L'histoire se situe à Madrid, Montana, dans les années 60 en pleine guerre froide. Madrid est une ville plate sans relief, perdu au milieu des plaines où seules les montagnes rocheuses, éclairées par un ciel bleu limpide, réussissent à briser l'horizon, à morceler les rêves d'un avenir meilleur, en dressant une frontière infranchissable.
Où tous les regards, toutes les tensions sont dirigées, lors de l'affaire des missiles Russes de Cuba. Sous les plaines qui environne la ville se trouve un complexe militaire qui à pour rôle de déclencher l'apocalypse en lançant les missiles nucléaires destinés à anéantir l'Union Soviétique dans le cadre d'une riposte.
C'est dans cette ambiance toute particulière que les "Madrilènes du Montana", vont dévoiler leurs sentiments et leurs mystères, en ayant toujours une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes.
Mc Namer tenait là un bon sujet. Elle possède une capacité tangible pour écrire un bon roman, mêlant l'Histoire et les histoires des individus. Elle nous offre une étude psychologique des personnages très fouillés. Les vies, les rêves et les espoirs, tels des écheveaux, tissent les fils qui vont petit à petit former une toile dans laquelle viendront se prendre au piége les âmes en mal d'existence.
Malgré tout ce roman m'a un peu déçu, peut être parce qu'il était détenteur de promesse et qu'il laissait présager au premier abord que ce récit était susceptible de me plaire. Car j'affectionne beaucoup ce genre littéraire, où l'auteur nous conte une histoire ou s'entrecroise, se mêle, les existences pour une minute ou une éternité. Ces explorations qui nous plongent en plein cœur de la vie, là où se situent les interrogations, les doutes, les joies et les peines, les blessures et les cicatrises, toutes ces fluctuations de l'âme qui peuplent nos existences, nourrissent nos pensées sur la vie et la mort.
Le contexte de la guerre froide n'est pas suffisamment développé même si on sent sa présence comme une ombre oppressante. Certains des personnages manque un peu de profondeur, un meilleur développement de leur personnalité aurait, je pense, renforcé le travail appliqué de l'auteur sur l'étude psychologique des héros, Dorrie et Margaret. C'est un auteur qui a un potentiel indéniable, dont j'espère confirmation de ses qualités dans un prochain roman.