The fixer : Une histoire de Sarajevo
de Joe Sacco

critiqué par Blue Boy, le 8 décembre 2012
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Après Gorazde, Sarajevo
En 1995, alors que la guerre en Bosnie arrivait à son terme, le dessinateur-reporter Joe Sacco, a fait connaissance avec Neven, ancien combattant dans l’armée bosniaque devenu « fixer ». Le fixer est le compagnon, l’intermédiaire et la source d’informations du reporter qui ne se contente pas des sources officielles. Un bon fixer a de solides connaissances, des contacts partout et lit la presse. Il est malin, combinard et sait jusqu’où il peut prendre des risques. Il peut être vantard ou tout simplement vénal. D’où la nécessité pour tout journaliste de s’assurer les services d’un « bon » fixer. Neven, lui, est un peu tout cela en plus d’être généreux et attachant, miroir de tout ce que la guerre peut faire aux hommes, pour le meilleur et pour le pire. Sacco en tire ici un portrait contrasté à partir de ses témoignages sur cette guerre.

Comme « Gorazde », cet ouvrage évoque la guerre de Bosnie qui a eu lieu de 1992 à 1995. L’auteur semble très attaché à ce pays et à ses habitants, et une fois encore dénonce à travers les propos de son « fixer » Neven, l’absurdité d’une guerre dans un pays où les différentes ethnies s’étaient depuis longtemps habituées à vivre ensemble. Neven, né lui-même d’un mariage entre un Serbe et une musulmane bosniaque, avoue avoir choisi le camp bosniaque alors qu’il était nationaliste serbe, sans savoir vraiment pourquoi…

Le trait à la Crumb est toujours très précis, parfois au risque d’être un peu chargé, mais il est indéniable que Sacco est un perfectionniste maîtrisant à merveille la technique des croisillons et le noir et blanc. C’est au niveau du récit que je suis plus réservé. Je me suis parfois perdu dans ces allers et retours entre le passé et le présent, et face aux principaux protagonistes de l’histoire. J’ai finalement réussi à retomber sur mes pieds mais il m’a semblé que le tout manquait d’une certaine fluidité. Quoiqu’il en soit, le personnage de Neven peut être attachant malgré ses travers, que l’auteur nous aide à comprendre à travers son parcours difficile.

Même si ce récit ne manque pas d’intérêt, j’ai largement préféré « Gorazde ».