La vérité par le mensonge
de Mario Vargas Llosa

critiqué par Béatrice, le 4 janvier 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Le Loup des steppes, Ivan Denissovitch, Lolita...
Pour ceux qui aiment bouquiner et réfléchir sur leur lectures, voilà 25 essais sur des oeuvres du XX ème siècle, pour la plupart des œuvres majeures, comme L’Etranger de Camus, d'ailleurs le seul roman francophone présent dans la sélection de Vargas Llosa.
Ce livre s'impose par le choix des œuvres présentées et par le don de l’auteur de saisir l'essentiel. Il traite des romans très connus comme par exemple Tropiques du Cancer de Henry Miller ou Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne aussi bien que des ouvrages moins accessibles comme Le Tambour de Gunter Grass ou Auto-da-fé de Elias Canetti.
Le Guépard de Tomasi di Lampedusa, un de mes bouquins préférés, fait également l'objet d'un essai.
Les analyses sont justes et pertinentes. Situer le roman dans son époque, relever ses particularités stylistiques, éclairer les lignes de force ou le débat d’idées & l’auteur reste cohérent, lisible, sans excès. Mais aussi sans surprise. Amateurs de polémique, passez votre chemin.
Voici une approche révélant
la valeur d'un roman en dépit de ses faiblesses. Le chapitre consacré à « A l'est d'Eden » de Steinbeck s'appelle « Eloge du mauvais roman ». « Un trait curieux de la littérature contemporaine est que de nos jours, ce sont les mauvais romans plutôt que les bons qui nous passionnent. [...] A l'est d'Eden n’a pas les qualités des autres romans de Steinbeck, comme par exemple la vigueur des Raisins de la colère ou la délicatesse de La Perle. Il se ressent de quelques défauts de construction [...] surprenants chez un écrivain aussi expérimenté et varié, et il ne serait pas difficile de dresser un long catalogue des ses limites quant à son style, la peinture de ses caractères, à ses idées superficielles et à sa vision naïve, manichéenne, de la vie sociale. Et pourtant, en dépit de tout cela, c'est une histoire qui se lit avec passion, en sautant les pages, dans l’impatience de savoir ce qui va se passer. Celui qui l’a écrit était quelqu'un qui savait quoi raconter [...]. Ce n'était pas un grand créateur de mots ni d’ordres narratifs, mais assurément un conteur-né. »