Bourbon Street, Tome 2 : Tournée d'adieux
de Philippe Charlot (Scénario), Alexis Chabert (Dessin)

critiqué par Numanuma, le 28 novembre 2012
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Un trio, c'est compliqué...
Revoilà nos papys du jazz, en tournée, comme de jeunes premiers, dans les endroits les plus improbables de la région de la Nouvelle Orléans et ça fait sacrément plaisir de les revoir.
Le procédé narratif est toujours le même. L’histoire est racontée par le fantôme d’Armstrong, le trompettiste, pas le cycliste sept fois perdant du Tour de France, et l’action présente est entrecoupée de scènes du passé des protagonistes.
Ce dernier volume d’une série qui n’en comptera finalement que deux, est bien plus poignant que le premier. L’épisode s’attarde sur la relation amoureuse entre Cornélius, le génial trompettiste et la chanteuse Angelina qui décèdera dans un accident de la route provoqué involontairement par Cornélius. Ce moment donne lieu, page 38, à une très belle planche pleine d’une grande intensité, un peu effrayante, le dessin du camion donnant l’impression d’un visage démoniaque fonçant à toute allure sur le couple.
Si le jazz est le point de départ de l’histoire, les protagonistes principaux ont tous fait partie du même grand orchestre de jazz à la grande époque de ce genre de musique, il s’agit principalement d’une histoire d’amour et d’amitié. Alvin le guitariste, Django de BD, est amoureux d’Angelina, celle-ci est amoureuse de Cornélius, trompettiste noir dans l’Amérique du Sud ségrégationniste.
Leur histoire était condamnée d’avance et l’accident de voiture n’est peut-être rien d’autre qu’une expression de ce qui leur serait arrivés : broyés par la vie, ses conventions, ses préjugés et ses habitudes.
Histoire d’amitié aussi car si Alvin sait très bien ce qui se passe entre Angelina et Cornélius, ce qui le met sur la touche, il n’est reste pas moins un type bien. Il est à l’origine et à la conclusion de l’histoire musicale du groupe.
On se doute qu’il n’y aura point de happy end cette fois, encore que la définition de happy end soit à discuter. Nos personnages ne sont plus de la première jeunesse, ils sont au bout du chemin et le destin va leur filer un dernier coup de main.
Ce volume, comme je l’ai dit plus haut, est plus triste que le premier même s’il contient beaucoup d’humour et de bonne humeur ainsi qu’une apparition du pianiste, producteur, juré de la Nouvelle Star et philosophe à temps partiel André Manoukian. Mais triste n’est peut-être pas le meilleur mot. Disons plutôt qu’il faut parfois savoir se réjouir de voir partir de vieux amis qui ont tout donné.