Mon cas personnel
de Ilan Duran Cohen

critiqué par Béatrice, le 4 janvier 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Je t’aime, moi non plus
Alain aime Hervé, Hervé se dérobe. Voici le fantasme d’Alain : « Là-bas, près de lui, je veux être photographié comme un prince du sportswear, étendu sur un lit vomissant de velours rouge, notre chien, un jeune lévrier anorexique, calé entre nous, seule chose vivante autorisée à nous séparer, unique fruit de notre amour, nous ne lui donneront pas de nom, il restera anonyme, ou bien non, nous le laisseront choisir, nous lui feront tailler un collier façon Gucci, nous y incrusteront des diamants achetés chez Tati Or en promotion fête des Mères. Lui, mon Hervé, je dis mon parce qu’il m'appartient et que je lui appartiens (...) , lui, mon amour, ne sera jamais à la dérive(...). Jamais le ne le quitterai, question de survie . »
( Ca semble sorti tout droit de l'imagerie des photographes kitsch Pierre et Gilles, vous connaissez ?)
L’auteur dépeint avec un humour grinçant la misère de la vie à deux ; il tourne en dérision le chagrin d'amour. Les coucheries à droite et à gauche, le désir irréalisable de maternité de Nathalie, la visite chez le rabbin guérisseur de Créteil & autant des signes d’égarement des personnages. Effet de contraste, parfois le vœu de rigueur côtoie la dérive : la méthode en 10 points pour survivre à la séparation ou bien le contrat en 9 articles entre la Mère et le Géniteur. C'est illusoire. Il ne reste que l’oubli. « Dieu a inventé l’oubli pour que l'homme puisse survivre au chagrin ».
comique chiffré 8 étoiles

Un bon livre pour un dimanche pluvieux où l'on s'interroge sur ce qui fait courir le monde ... l'amour - les amours - et sa fin - ses fins ... Le narrateur qui devient gourou de la rupture est un être qui craint la solitude et la comble par une relation avec son DRH. Une féministe tente de se faire faire un bébé par le narrateur sous contrat. A la place de créer une agence matrimoniale - le marché est déjà saturé - celui-ci développe sa méthode de 10 règles pour les ruptures. Les relations hommes-femmes-êtres vivants sont vues au travers d'un prisme commercial afin d'échapper au sentimentalisme. Sa tante, rescapée des camps d'extermination, lui confirme d'ailleurs que "Quand l'un ou l'autre a décroché, c'est fini. Mort. Il n'y a pas de résurrection amoureuse possible. Perte d'énergie de vouloir inventer une suite. .. tu obliges à forcer le destin, en interdisant le retour en arrière, ..". Les parents du narrateur, atteints d'Alzheimer, appliquent sans le savoir l'idée "que Dieu a inventé l'oubli pour que l'homme puisse survivre au chagrin". J'ai aimé le ton sarcastique et à la fois sentimental de ce roman à l'eau de rose (les parents du narrateur étaient parfumeurs), qui se termine dans le canal Saint-Martin.

Printemps - - 66 ans - 2 avril 2006


méthode chiffrée 8 étoiles

Très bon résumé fait par Béatrice.
J'ai beaucoup aimé ce livre même si j'ai dû m'accrocher au début.
J'ai bien aimé le ton cynico-humoristico-intello-branché fort dans l'air du temps.
J'y ai retrouvé des expériences personnelles, je trouve que la méthode n'est pas si mauvaise que ça à un ou deux articles près...
J'ai trouvé que la réalité humaine était très bien dépeinte et j'apprécie beaucoup cela. J'envie ces écrivains capables d'exprimer par des mots, toutes sortes de choses que nous ressentons, faisons...
On est quand même peu de choses, tout compte fait... il en fait, lui aussi, quelques décomptes.

Trefoil - Mons - 55 ans - 3 mai 2004