Souvenirs d'un pas grand-chose
de Charles Bukowski

critiqué par Nevermore, le 1 janvier 2003
(Rennes - 42 ans)


La note:  étoiles
2003, bonjour
Voici un livre d'un type appelé Bukowski que je n'avais point lu. Très bonne découverte pour la nouvelle année. Pourtant le livre était posé sur une pile inerte et sèche de livres depuis des lustres. Un ami me dit au téléphone: "je lis Bukowski". Je prends alors mon Bukowski; sur la couverture y'a sa vieille gueule. J'ai bien aimé tout ce que j'ai lu, et même les descriptions des parties de base-ball alors que je n'y comprends rien. C'est bien, le base-ball. En fait il me semble bien que tout cela est autobiographique et il raconte sa jeunesse pas tout à fait tranquille à Los Angeles. Je pense que c'est un récit intelligent qui donne à réfléchir, qui me fait bien marrer et ça calme les nerfs. Bon, y'en a (encore et toujours) qui trouvent ça raze motte, léger, à ceux là je conseillerais de lire Plotin. Pour 2003, quand même, je sors une petite citation:
"Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir? Mieux valait être plongeur dans un restaurant, se rentrer chez soi dans une chambre minuscule et, seul, s'y endormir en se soûlant."
Un régal. 9 étoiles

C'est mon premier Bukowski et il semble que cela soit un bon choix pour commencer à comprendre le personnage.
Beaucoup de plaisir dans la partie "enfance". Des gags tout en finesse, comme le baptême du chien.
Vers la moitié du roman le texte vire vers un style plus "Kerouac". Le frêle enfant est mort et un jeune adulte frondeur a pris sa place. Prêt à en découdre avec le monde... sans peur
Mais le top du top c'est quand même la scène de la prof d'anglais (Mlle Gredis) et je ne peux m'empêcher de reproduire un passage dont je me suis délecté.
" Ah, ces jambes !
Le soleil entrait par la fenêtre et se deversait sur elles que c'en était pas croyable !
Ah cette façon qu'il avait de jouer sur ses bas de soie tendus à craquer ! Et sa jupe était remontée si haut que tous, nous priions le ciel d'enfin apercevoir un petit bout de culotte, un petit bout de quelque chose, doux Jésus, c'était comme si le monde arrivait à sa fin, et puis renaissait, et puis courait encore à sa fin, tout était vrai, et irréel, le soleil, ses cuisses, la soie de ses bas, si douce, si chaude, si alléchante ! C'était la pièce toute entière qui vibrait. La vision se troublait, et puis revenait, et Mlle Gredis n'avait toujours pas bougé d'un centimètre et Mlle Gredis faisait comme si de rien n'était, continuait de parler comme si tout était en ordre.... "
Vous découvrirez la suite de cette scène épique et torride aux pages 127-128 et 129 de l'édition Grasset de 1985...

Un régal.

Monocle - tournai - 64 ans - 8 avril 2015


"L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir." 10 étoiles

Ce bouquin débarque alors que je me disais que je pouvais difficilement découvrir plus sur Bukowski que ce portrait de marginal alcoolique et cinglé, portrait qu'il brosse et étoffe par petites touches à travers son œuvre. Le portrait, ce n'est pas juste le sien : il y a tout le décor, tout ce qui est en fond et fait que Bukowski est ce qu'il est : l’Amérique du Xxeme siècle, les bas-fonds de ce monde qui rejette Buk comme une mauvaise greffe qui ne prend pas, le peuple, les délaissés, et tous les autres. Souvenirs d'un pas grand-chose, cependant, tombe à point nommé. Au début de ma lecture, toujours sous le charme de ce style si particulier, je me disais que c'était sans doute un des meilleurs que j'aie lu de lui. Et puis, sur ces 350 pages, tout devient différent. Rien n'est aussi simple qu'avant. On peut toujours sourire se délectant de la prose assassine du vieux Buk. Mais ici, Bukowski nous dit pourquoi il est Bukowski. Et on ne sourit plus. Enfant rejeté par les autres, battu par son père, enfant laid, sur lequel l'amour d'absolument personne ne retombe, cible de tout le monde ; le parcours est long, et le soleil se cache. Et puis Bukowski devient ce type imparfait. Sur son chemin, des erreurs. Sur lesquelles il ne s'attarde pas avec regret, ni ne cherche notre compassion. Charles Bukowski est sans doute le plus humain d'entre nous, et ce n'est qu'en constatant la violence avec laquelle le monde l'a traité que nous cherchons à l'excuser de la sienne. Alors, oui, c'est beau, c'est grand. Mais c'est sombre. Gris comme a pu l'être sa vie, Souvenirs d'un pas grand-chose est sans doute essentiel dans l’œuvre de Bukowski, parce que si différent, si précieux à qui veut comprendre l'homme, et surtout, si juste dans sa conclusion : Bukowski nous présente le produit raté, l'erreur du système, l'enfant né de la laideur de ce monde qu'il dénonce: lui-même.

Waitforspring - - 30 ans - 28 janvier 2015


une enfance pas comme les autres 9 étoiles

Tout au long de son "souvenirs d'un pas grand chose", Bukowski nous raconte son enfance. Il nous parle de ses premières cuites, de sa relation conflictuelle avec ses parents, de ses problèmes d'acné... de manière crue et poétique à la fois. On rentre dans la peau d'un enfant marginal qui ne désire pas s'intégrer aux autres même si cela le fait souffrir. Ce roman autobiographique est à rapprocher de l'excellent "Les Ritals" de Cavanna où l'on retrouve ce style "d'écrit-parlé" et cet humour décalé et cynique. A lire et relire!!!!

Baader bonnot - Montpellier - 41 ans - 20 février 2008


un des meilleurs 8 étoiles

Un bon plan pour passer un très bon moment. Ce bouquin est très bon et c'est un de mes préférés de buk. Son récit nous emmène dans la vie d'un jeune à la dérive qui prend la vie comme elle vient et décide de vivre comme il l'entend. La fin du livre est même un peu moralisatrice. A garder dans sa biliothèque et à relire.
Merci à hank pour son talent

Tchico2 - Labenne - 49 ans - 26 avril 2006


Hank : son histoire 8 étoiles

Sans doute un des plus prenant livres de Hank, simplement parce qu'en traçant le parcours chronologiquement, il nous donne les clefs pour comprendre sa perdition, ses craintes, mais aussi ses forces.

Un récit fort, à placer dans la bibliothèque, tout près de Michaux et Céline.

Lézard - Genval - 40 ans - 30 juillet 2004