Les amants de l'Alfama
de Sergio Kokis

critiqué par Libris québécis, le 18 novembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Fado d'un désamour portugais
Pour mon 500e billet, j'ai choisi de commenter le chef-d'oeuvre de Sergio Kokis

Les personnages de son roman tentent de conjurer le sort des Parques qui s'amusent à détruire le destin des amoureux. Le héros Joaquim, abandonné par son amante, trouvera son salut auprès des amants de la dive bouteille, qui lui indiqueront le chemin pour une fuite honorable.

Seule la mort, lui semblait-il, l'aurait délivré de ce tourment. Le fleuve Tage se présentait alors comme le moyen le plus efficace pour mettre fin à sa destinée dépourvue de sens sans amour. Avant d'exécuter son funeste projet, il erre dans les rues de l'Alfama, l'ancien quartier maure de Lisbonne, où il croise une courtisane qui l'entraîne dans un restaurant fréquenté par des ivrognes réunis, en cette soirée de la Toussaint, pour rendre hommage à leurs congénères disparus.

L'ivresse aidant, les inhibitions tombent, mais la pudeur exige que la vérité emprunte la voie du fado pour se construire un remblai contre la mort de l'âme. Que cachent leurs récits baroques ? Un amour déçu, qui ne peut se dévoiler au grand jour tellement la blessure est profonde. Est-ce une façon de se mentir ? Ment-on quand on veut fuir les tortures sous Salazar ? Ment-on quand on veut cacher son homosexualité pour échapper à l'incompréhension ?

Ces histoires en miroirs filtrées par l'imaginaire permettent quand même à Joaquim de se reconnaître. Sergio Kokis enseigne habilement comment le verbe est libérateur pour les survivants d'événement douloureux qui ne veulent pas « s'occire de mort volontaire » comme Lucrèce et Didon dans Legoarant de Scarron.

N.B Voir sa bibliographie :
http://critiqueslibres.com/i.php/lastbiosbiblios/