Croisière sans escale
de Brian Wilson Aldiss

critiqué par Malic, le 16 novembre 2012
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Le vaisseau-univers
La tribu des Greene mène une existence primitive dans le secteur des Quartiers, entouré par la jungle broussailleuse des poniques. Au-delà vivent d’autres communautés – Ceux de l’avant, les Hors-Venus, les Géants – dont on se demande si certaines ne sont pas mythiques. Bientôt, nous comprenons que nous sommes sur un gigantesque vaisseau spatial parti pour un voyage de plusieurs générations et qu’à la suite d’une catastrophe les passagers, ont régressé. Peu à peu, ils ont oublié leur origine et leur destination tandis que les cultures hydroponiques et les animaux embarqués se développaient librement en un écosystème. Pour la tribu des Greene cet environnement mi métallique mi végétal constitue l’univers. Un groupe parti en exploration va progressivement découvrir les mystères de ce monde que certains appellent encore « Le Vaisseau » et peut-être reprendre en main leur destin.
Ce roman appartient à un sous-genre de la science-fiction, celui des Vaisseaux générationnels, c'est-à-dire qui partent pour des voyages de plusieurs générations afin de découvrir de nouveaux mondes. Le thème déjà fascinant en lui-même, est exploité ici comme la métaphore d’une humanité à la dérive. « Croisière sans escale » est donc un roman ambitieux, qui entend traiter de la place de l’homme dans l’univers, rien de moins.

Outre cet aspect, l’auteur a pris soin de travailler le côté « sociologique », l’évolution du langage, des mœurs, de la religion au cours des générations qui se sont succédées sur le vaisseau. Parmi les personnages, le plus mémorable est le pittoresque Marrapers, prêtre roublard, dispensateur de préceptes d’une religion plutôt croquignolesque, mélange de philosophie orientale et de psychologie pratique à l’américaine, genre «développement personnel ».

« Croisière sans escale » (1959), premier roman de Brian Aldiss, n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur de son ambition. La profusion de péripéties, de coups de théâtre et de révélations qu’enchaine l’auteur ont l’avantage de tenir le lecteur en haleine, mais on peut trouver qu’elles diluent quelque peu le projet initial. On sent aussi qu’Aldiss est un peu mal à l’aise dans sa volonté de nous faire comprendre en même temps qu’à ses personnages, que ce monde est un vaisseau. La solution qu’il adopte – l’idée qui s’est transmise au fil des générations – est un peu bancale. Dès le troisième chapitre, le prêtre dit à ses ouailles : « nous nous trouvons dans une sorte d’étui qu’on nomme le Vaisseau et qui erre d’un petit coin du monde à l’autre. » Mais que peut signifier « le monde » pour des hommes dont la perception, visuelle ou autre, s’arrête aux parois du vaisseau ?

Malgré ces réserves mineures, « Croisière sans escale » est un roman passionnant et un livre marquant de la science-fiction.
Un classique 6 étoiles

Croisière sans escale raconte le voyage vers une autre planète. Un voyage tellement long qu’il faudra plusieurs générations aux Terriens pour arriver à destination. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu et les colons vont vivre un véritable cauchemar. Ce que j’ai aimé, c’est de découvrir en même temps que les personnages ce qui s’était véritablement passé dans cette arche stellaire. Au début, le héros n’est même pas conscient d’être dans vaisseau. Le seul monde qu’il connaisse se limite aux différents ponts du bâtiment envahi par une jungle étrange et il aura bien du mal à accepter sa situation. C’est le point fort du roman ! Le suspense est bien mené est ce n’est que petit à petit que le lecteur découvrira la vérité. On est quand même en présence d’un livre de 1958. La SF a évolué depuis et cela se ressent un peu mais rien de dramatique et j’ai pris plaisir à découvrir ce classique.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 12 septembre 2016