de Gaulle à la plage
de Jean-Yves Ferri

critiqué par Blue Boy, le 11 novembre 2012
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
De Gaulle outragé, De Gaulle moqué, mais De Gaulle ressuscité !
Prendre le plus grand homme de l’Histoire de France contemporaine, véritable statue du commandeur dont une bonne partie de la classe politique revendique toujours l’héritage historique, et en faire un personnage de bande dessinée humoristique, c’est tout bête mais il fallait y penser… Jean-Yves Ferri l’a fait, en lui allouant comme terrain de jeu une plage (normande ?) où, lassé de l’ingratitude des Français, De Gaulle prend quelques vacances bien méritées lors de l’été 56, en compagnie de son fils, sa « chère et tendre » Yvonne, son aide de camp dévoué, Lebornec, et l’ineffable berger allemand dénommé Wehrmacht qui a pour particularité d’aboyer en faisant « Reich Reich »…. On voit ainsi le Grand Charles ressasser ses souvenirs héroïques et sa frustration d’avoir été mis à l’écart de la vie politique, lui le « Sauveur » de la « Grande Nation »…

Sous forme de strips où le comique se situe plus au niveau verbal et visuel que dans des gags façon « Boule et Bill », les divagations du légendaire général procurent une réelle jubilation. Victime d’un humour à froid à la fois décapant et décalé, il ne fait pas de doute que le double humain du « toon » De Gaulle, icône nationale française à l’égo hypertrophié et adepte de l’autoritarisme, aurait cherché à censurer cette BD, pourtant pas si méchante au fond. Le général est dépeint comme une personnalité toujours soucieuse de son image de héros combatif et inflexible, mais que la paix a transformé en retraité gâteux et puéril, terrorisé à l’idée que sa chère Yvonne le surprenne en train de commettre un écart de conduite. Il y également l’idiot de service, incarné par le fils De Gaulle (le même en plus petit mais totalement crétin), que le père, lucide sur ses capacités, incite à se contenter d’un C.A.P. de tourneur-fraiseur.

D’un point de vue graphique, le trait rappelle beaucoup celui de Larcenet, et pour cause : Jean-Yves Ferri a été le scénariste du « Retour à la terre ». Un trait à la rondeur minimaliste, bien adapté à l’humour tout en flegme de l’ouvrage.

Ainsi, certaines scènes sont à hurler de rire, telle celle où notre De Gaulle, un 18 juin, se rend au poste de secours de la plage pour lancer un vibrant appel, après avoir arraché le micro des mains du secouriste. Son but ? Se faire prêter un ballon pour tuer l’ennui généré par ces longues journées à contempler la mer… Bien vue également l’apparition de Churchill, entraînant quelques échanges savoureux entre les deux hommes qui n’ont de cesse de se mesurer, vantant leurs mérites respectifs comme deux vieux gamins pathétiques dans une cour d’école…
De Gaulle, démystifié 4 étoiles

C'est avec un humour et talent indéniables que Jean-Luc Ferry croque un de Gaulle en short et tongs, en vacances dans une station balnéaire.

De Gaulle, jusqu'à présent, ça n'allait pas au-delà du courageux sauveur de la France, expatrié à Londres. Ici, l'auteur démystifie le personnage avec respect et délicatesse.

Le thème et les situations cocasses en font une BD originale qui se lit facilement. L'album aux couleurs douces découpé en gags est assez inégal mais toutefois plaisant. On passe un bon moment même sans être féru du personnage. Le tout ne laisse pas pour autant un souvenir impérissable.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 1 novembre 2014