Contes de l'Alhambra
de Washington Irving

critiqué par Psychééé, le 7 juin 2016
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Les mille et une nuits de l'Andalousie
L’auteur – devenu ambassadeur des Etats-Unis en Espagne de 1842 à 1845- nous livre un récit romanesque suite à sa visite à Grenade qui a débuté en 1829. Il nous donne suffisamment de données historiques et de repères pour être à même de comprendre l’Espagne maure et l’origine de ses légendes.

Au début, Washington Irving installe le décor andalou avec quelques données clés –juste ce qu’il faut : la description du gouvernement, de l’intérieur de l’Alhambra, de ses habitants, les traditions locales - et finit par les illustres princes qui ont participé à la fondation et à l’achèvement de ce chef d’œuvre. Entre temps, il évoque les muletiers, la légende du Velludo, invoqué par les vieilles femmes pour effrayer les enfants qui pleurent, l’infortuné Boadbil et bien entendu le mythe des trésors ensevelis par les Maures. « En traversant les sierras sauvages, théâtres d’anciens hauts faits, il n’est pas une atalaya perchée sur une falaise ou dominant un village de roc sur laquelle vous ne puissiez questionner votre muletier ; alors il s’arrêtera de fumer son cigarillo pour vous conter une histoire de trésor musulman enfoui sous les fondations ; il n’est pas, en quelque ville, un alcazar, une citadelle en ruine qui n’aient eux aussi leur tradition fabuleuse, transmise de génération en génération parmi les pauvres du quartier ».

Je l’ai commencé avant d’aller à Grenade et l’ai achevé à mon retour, ce qui permet d’apprécier mieux encore ce conte délicieux, alimenté par les visites dudit monument. J’ai bien aimé ces légendes, notamment celle du pèlerin d’amour qui rappelle Aladdin, ces histoires qui sont en même temps des leçons de vie et où il est toujours question d’amour, des cancans des femmes, de trésors, du Darro et de termes espagnols. Je vous invite vraiment à le découvrir si vous êtes intéressé par l’histoire et les voyages et avez envie de vous évader.
Enfin, pour finir de vous mettre dans l’ambiance, une autre citation du livre : «personne, mieux qu’un Espagnol pauvre, ne s’y entend à ne rien faire et à vivre de rien. Le climat y est pour une part, le tempérament pour une autre. Donnez à un Espagnol de l’ombre en été, du soleil en hiver, un quignon de pain, de l’ail, de l’huile, des garbanzos, ou pois chiches, une vieille cape brune et une guitare, que lui importe alors le monde ! La pauvreté, pour lui, ce n’est pas un déshonneur. Il s’y drape fièrement, comme dans sa cape en guenilles. Il reste hidalgo, même en haillons. »