Blast, Tome 3 : La tête la première
de Manu Larcenet

critiqué par Byobinou, le 5 novembre 2012
(Rumilly (74) - 55 ans)


La note:  étoiles
La tête la première... dans le blast
Difficile de poser une critique sur le troisième tome d'une série, surtout quand on a été subjugué par les deux premiers. Quels superlatifs rajouter ? Comment raconter l'histoire sans s'appuyer sur les épisodes précédents ? Comment résumer ce qui s'apparente plus à une oeuvre artistique et littéraire multiformes qu'à une bande dessinée ? Difficile. Vraiment.

Le paroxysme du sordide, de la folie, de la complexité humaine semble atteint à la fin de ce troisième tome... et pourtant, je n'attends qu'une chose... le quatrième (et dernier).

Je l'attends... pour tenter de savoir qui est Polza... peut-être... (outre la part plus ou moins cachée de M. Larcenet) et, même si à défaut de savoir qui il est, on commence à bien le connaitre.
La dure loi de la pesanteur 9 étoiles

Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché pour suivre cette odyssée âpre et mystique, où le sordide est à la hauteur du mystère. Dans sa quête obsessionnelle du « Blast », état contemplatif proche du divin, Polza se fait de plus en plus léger malgré sa lourde enveloppe. Cherchant à échapper au monde prétendument rationnel et civilisé qui le croit fou et requiert son internement, il ne sera pas pour autant tranquille une fois à l’extérieur. La communion avec la nature a un prix : l’errance, le froid et la barbarie des parias comme lui…. Entretemps, lors de son séjour en hôpital psychiatrique, Polza aura perdu les bénéfices du Blast et ses visions des moïas, ces immenses statues de l’île de Pâques, se seront estompées, mais comme si cela était inscrit dans le cours de sa vie, elles vont se rappeler à sa mémoire d’une façon plus tangible… Fruit du hasard ou message divin ?

A l’image du récit, le dessin dégage de la puissance, laissant supposer que le chaos peut tout submerger à tout moment. Autant minimaliste que suggestif, il s’autorise des envolées vers un abstrait aux couleurs de la folie évoquant l’imminence du fameux Blast. Mais où veut-il donc nous emmener ce sacré Larcenet ? Car on l’aura compris, c’est plus d’un tome dont il avait besoin pour poser son récit, à la fois lent et immersif, où les pages se contemplent plus qu’elles ne se lisent, mais où le texte, d’une qualité littéraire évidente, n’en est pas moins soigné. Au départ rebuté par ce héros au corps monstrueux, vaguement inquiétant, dont on ne sait s’il est lucide ou fou (quoique lucidité et folie ne sont jamais si éloignées), on finit par s’y attacher. Comme lui, on finit par ressentir les souffrances qu’il traverse, lui, cet être intrinsèquement pacifique qui ne demande rien à personne, élevé par un père à la fois protecteur et austère. On finit par comprendre sa rage face à la bêtise et la cruauté du monde, une rage intériorisée mais qu’on devine prête à se déchainer à un moment ou à un autre…

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 1 novembre 2013


Le non-dit 8 étoiles

Plus que le dessin magnifique, mélange de crayon et de peinture, ce sont les planches sans dialogues qui sont les plus parlantes. Le non-dit plus fort que la parole. Ce n'est pas une histoire illustrée, le dessin fait partie intégrante de l'histoire. Faire un livre de cette histoire nous emmerderait profondément, alors qu'elle est passionnante sous le crayon de Manu Larcenet. Une BD, c'est ça.

GilB - - 48 ans - 25 novembre 2012