Les mécomptes
de Hélène Bard

critiqué par Libris québécis, le 20 décembre 2002
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La détresse des jeunes hommes
L'auteur, qui a l'âge de son héros né en 1975, aborde les problèmes d'une génération qui, au Québec, n'a pas eu la chance de celle de leurs parents. Souvent nés de pères presque incognito, les jeunes québécois développent un mal à l'âme qui les paralyse. Incapables de saisir ce qu'ils veulent, ils végètent en espérant que la manne leur tombe du ciel.
C'est ce qui arrive à Carl, le héros des Mécomptes. Un jour, il reçoit l'offre d'un emploi de cobaye à l'université. Son travail consiste à dormir pendant huit heures sous la surveillance de spécialistes, qui font une étude top secret sur le sommeil.
Le héros reçoit un salaire plus que convenable. On pourrait croire qu'il aura enfin accès au bonheur que procure l'argent. L'auteur fait une démonstration éloquente du proverbe bien connu. Il faut être articulé pour y prétendre. La bière, les prostituées et les strip-teaseuses ne suffisent pas à combler son homme.
Comme son rapport à autrui passe par la facilité, il est incapable de nouer des liens, même avec la jeune fille du roman qui pourtant l'obsède. Heureusement qu'il lui reste un ami d'enfance et une mère avec qui les relations boitillent. Quant au reste, sa vie n'est qu'accumulation de mécomptes. On n'est pas surpris de l'entendre crier aux secours à sa mère quand sa déconfiture est consommée.
C'est un beau roman psychologique, mais il aurait été meilleur si la bière n'inondait pas le lecteur. Les nombreuses beuveries du héros font tourner le roman en rond. On attend quelque chose qui ne vient pas. C'est peut-être ça l'univers des jeunes. Bref, ce roman est une mise en garde contre les paradis artificiels.